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lundi, mai 19, 2025

Au Gabon, l’opposant Jean Ping, qui fut battu à l’élection présidentielle de 2016, se découvre des talents de scénariste d’Hollywood pour réécrire l’histoire à sa façon, fait grandement rire Jeune Afrique

Au cœur des tumultes politiques du Gabon, l’opposant Jean Ping, qui avait essuyé une défaite amère lors de l’élection présidentielle de 2016, se réinvente en narrateur d’un scénario digne d’un film à grand spectacle. Dans une allocution vibrante adressée à la diaspora au prestigieux hôtel Pullman de Paris-La Défense, Jean Ping dévoile une version des événements pour le moins audacieuse et saisissante. Avec une narration digne d’un blockbuster, il prétend que Jean-Yves Le Drian et Ali Bongo Ondimba auraient orchestré personnellement l’attaque de son quartier général depuis un hélicoptère.

Lors d’une allocution devant la diaspora gabonaise à l’hôtel Pullman de Paris-La Défense, le 1er juillet dernier, Jean Ping déclare avec aplomb : « Vous savez, Ali est venu dans un hélicoptère. J’ai appelé ça la nuit des longs couteaux… Au cours de cette nuit, il est venu lui-même dans un hélicoptère Puma avec un bazooka… Et ils ont tiré à la mitrailleuse lourde dans mon QG. Vous allez peut-être être surpris, mais il était avec Le Drian. » Cette révélation, présentée comme une bombe, suscite un certain émoi parmi les spectateurs, comme en témoignent les murmures qui circulent.

Rappelons qu’en 2016, juste après la réélection d’Ali Bongo Ondimba, Jean Ping affirmait déjà sur France 24 que son quartier général avait été attaqué par des militaires lors de la nuit du 31 août au 1er septembre, entraînant la mort de deux personnes. Aujourd’hui, il prétend que les assaillants auraient même perforé les faux plafonds, espérant ainsi le débusquer. Selon lui, son adversaire aurait donné l’ordre de lui « trancher le cou à la hache » et d’exhiber sa tête « sur un piquet ».

Cette histoire rocambolesque s’inscrit dans une stratégie visant à discréditer les futurs scrutins au Gabon, à l’instar du clan Gbagbo en Côte d’Ivoire après la chute de l’ancien président. La dénonciation d’une élection truquée s’accommode volontiers d’une touche de complot français. En 2016, Jean-Yves Le Drian occupait le poste de ministre français de la Défense sous la direction de Manuel Valls, qui avait lui-même déclaré qu’Ali Bongo Ondimba n’avait pas été élu « comme on l’entend« .

En revenant, le 1er juillet dernier, sur ce qu’il qualifie de « sauvagerie innommable« , évoquant même des « pogroms« , Jean Ping cherche à préempter la décrédibilisation des prochains scrutins. Dans le contexte sociopolitique actuel du Gabon, il se demande à quoi servent ces élections. Ne vont-elles pas engendrer davantage de violences qui paralysent le pays ? Il rappelle que lorsqu’ils planifient des élections, ce n’est pas pour les perdre. Aujourd’hui, la question des élections programmées divise les Gabonais. C’est peut-être sur la base de cette division compréhensible que l’idée d’une transition indispensable a émergé.

Jean Ping ne se positionne pas en promoteur de cette transition, mais il indique qu’il pourrait y être prêt. Modestement, il se présente comme un « passeur entre deux mondes », cherchant à « contribuer à la solution ». Alors, sans élections, quel chemin mènera-t-il vers ce nouveau monde selon Jean Ping ?

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