Cette année encore, le candidat malheureux à la présidentielle d’août 2023 a prononcé un discours aussi bien creux qu’éprouvant pour lui-même. Après avoir promis de rendre le Gabon ingouvernable, 7 ans plus tard, l’heure du bilan de son échec patent à accéder à la fonction suprême est arrivée. Le président de la CNR lâché de toutes parts par ses anciens soutiens, a durant son allocution à mots à peine voilés écarté toute idée de prendre part à l’union sacrée de l’opposition. Un comportement nombriliste qui ne surprend pas grand monde au sein de cette opposition où les leaders se livrent une véritable guerre sans merci pour être la voix de leur camp face au champion de la Majorité Républicaine et Sociale pour l’Emergence.
La présidentielle 2023 au Gabon semble déjà très mal engagée pour l’opposition gabonaise.
Alors que certains au sein de celle-ci essaient, avec grande difficulté, de se rassembler, tout en réclamant une profonde réforme du Code électoral afin de garantir des élections dans un climat apaisé, c’est d’un violent revers de main que Jean Ping a balayé ces initiatives le 31 décembre dernier durant son adresses à ces derniers bastions qui n’existent plus que sur les réseaux sociaux.
« La recherche de la perfection du processus d’organisation des élections est louable, particulièrement au sein d’une démocratie et d’une république dignes de ce nom. À condition de ne pas oublier la leçon tant de fois apprise au terme des élections successives. Il est en effet fondamental de comprendre que le problème réside dans le déni systématique de la vérité des urnes et la conservation du pouvoir par la force, quels que soient les résultats des urnes », a déclaré, pour la énième fois, le leader de la CNR.
Des politesses entre les clans Ping et Missambo
Une critique franche à l’endroit de Paulette Missambo, la présidente d’une faction de l’Union nationale et de quelques petits partis de l’opposition engagés depuis quelques temps dans une réflexion commune. « Soit Paulette Missambo et naïve, soit elle a une arrière-pensée derrière la tête », cingle l’un des fidèles de Ping.
« Ping vit depuis six ans dans un déni de réalité. Ils se croient président. Le problème, c’est qu’il est le seul à le croire. Pendant ce temps, le Gabon avance, l’opposition avance, mais lui fait du surplace », déplore en retour un des vice-présidents de l’UN.
Pour ce qui concerne Barro Chambrier, l’humeur est tout aussi morose. « On s’apprête à courir une course difficile. Et avant, on se tire une balle dans le pied », regrette l’un des proches du président du RPM.
Jean Ping adepte du passage en force pour parvenir à s’installer sur le fauteuil présidentiel ?
Toutefois, ces critiques, l’ancien candidat à la présidentielle de 2016 n’en a cure. « Face à ce régime, point d’élection qui vaille. La peine ne vaut de parler d’élection », a-t-il tonné lors de ses voeux du 31 décembre. Une position qu’il avait déjà exprimée dans une interview sur France 24, en février 2022, et réaffirmée dans son message du 17 août 2022.
« Comme un artiste qui veut mourir sur scène »
« En réalité, » explique un professeur de science politique de l’UOB, « ces déclarations s’expliquent aussi, peut-être surtout, par le fait que Jean Ping n’entend pas le témoin de leader de l’opposition. Que ce soit Barro Chambrier, Missambo ou un autre, personne ne trouve grâce à ses yeux ». Et d’affirmer : « il ne se résout pas à se retirer. Il est comme un artiste qui veut mourir sur scène. Au fond de lui il y croit toujours. Il est persuadé de sa bonne étoile ».
A 81 ans cette année, Jean Ping est plus que jamais contraint de quitter la scène et n’a plus de rôle à jouer. Il n’incarne plus l’espoir, si ce n’est l’échec pour toutes les personnes qui l’ont aveuglément et bêtement suivi.