Le renversement du régime d’Ali Bongo Ondimba, le 30 août 2023, n’a pas suscité un consensus unanime. Si la majorité des Gabonais a célébré avec ferveur l’anniversaire de ce qu’ils considèrent comme un « coup de libération », d’autres voix critiques, comme celle d’Albert Ondo Ossa, y voient une « révolution de palais ». Pour ce dernier, qui fut le candidat de l’opposition lors des élections présidentielles de 2023, le coup d’État ne serait rien de plus qu’une lutte interne au sein du clan Bongo. Une thèse qui mérite d’être explorée avec précaution.
Albert Ondo Ossa a immédiatement qualifié cet évènement de manœuvre orchestrée par les proches d’Ali Bongo Ondimba, notamment sa sœur Pascaline Mferri Bongo d’un côté, et de l’autre, son épouse Sylvia Bongo Ondimba et leur fils Nourredine Bongo Valentin. Selon cette vision, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a pris les rênes du pays après le putsch, ne serait qu’un acteur parmi d’autres au sein d’une guerre de clans, remplaçant un membre de la famille Bongo par un autre. Mais cette interprétation simpliste des faits ne tient pas compte des nuances complexes de la réalité politique et familiale.
Pour comprendre cette accusation, il est essentiel de s’attarder sur les origines du Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Né à Ngouoni, au cœur de la province du Haut-Ogooué, fief traditionnel de la famille Bongo, Oligui Nguema est en effet lié à celle-ci par sa mère, cousine de l’ancien président Omar Bongo. Cependant, contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette proximité familiale ne lui a pas ouvert directement les portes du pouvoir. Loin des privilèges de la famille présidentielle, Oligui Nguema a grandi dans un environnement modeste, marqué par un parcours personnel méritant.
Le parcours du Général témoigne d’une ascension due à ses propres efforts. Après des études à l’Université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM), il choisit de s’engager dans l’armée, où ses compétences et qualités humaines lui permettent de gravir les échelons jusqu’à devenir l’un des piliers de la Garde Républicaine. Sa carrière n’est donc pas seulement le fruit de liens de sang, mais aussi d’une aptitude à s’imposer dans des circonstances délicates, au-delà des luttes de clans qui ont longtemps défini la politique gabonaise.
Ainsi, qualifier le coup d’État d’Oligui Nguema de « révolution de palais » semble réducteur. Loin d’un simple remplacement au sein d’un même cercle familial, cet évènement marque un tournant dans l’histoire politique du Gabon. Oligui Nguema, par son parcours atypique et son charisme, s’est distingué comme une figure de rupture avec l’héritage de Bongo, offrant au pays une nouvelle trajectoire politique. Plus qu’un coup d’État motivé par des intérêts familiaux, il s’agit d’une opportunité pour le Gabon de redéfinir son avenir.
En définitive, cette interprétation laisse penser que la vérité est plus complexe que ne le laisse entendre le terme de « révolution de palais ». Oligui Nguema, désormais à la tête du pays, se positionne comme l’homme de la situation, celui qui, par sa ténacité et son éloquence, se donne pour mission de réformer profondément le Gabon, au-delà des vieux schémas claniques. Le coup d’État du 30 août 2023 n’est pas seulement un épisode de l’histoire de la famille Bongo ; c’est une opportunité pour un nouvel élan national.