À la veille de la campagne référendaire, Albert Ondo Ossa, ancien candidat principal de l’opposition à la présidentielle d’août 2023, a organisé une conférence de presse pour inviter les Gabonais à rejeter la nouvelle Constitution. Officiellement, son appel au NON s’inscrivait dans une critique de la transition en cours. En réalité, cette sortie semble davantage révélatrice d’une tentative de mesurer son influence, déjà fragilisée, sur la scène politique nationale. Loin des projecteurs de la campagne présidentielle et dépourvu de ses alliés, le professeur d’économie semble aujourd’hui en quête de pertinence.
L’ascension politique d’Albert Ondo Ossa lors de la dernière élection présidentielle doit beaucoup à la plateforme Alternance 2023. Cette coalition, regroupant des figures clés de l’opposition comme Paulette Missambo, Alexandre Barro Chambrier, ou encore Raymond Ndong Sima, avait permis à Ondo Ossa de devenir le candidat consensuel d’un grand front anti-Bongo. Ce soutien stratégique, ajouté à l’aspiration populaire à un changement profond, avait conféré à sa candidature un élan inédit. Cependant, cet élan repose davantage sur la force collective de la coalition que sur sa propre capacité à fédérer.
Alors qu’Ali Bongo Ondimba était déclaré vainqueur par le Centre gabonais des élections, l’intervention des militaires a bouleversé la donne. Ces derniers, refusant de prudence une énième manipulation électorale, ont annulé le scrutin, mettant en place un Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI). Ce tournant a marqué la fin brutale des ambitions présidentielles d’Ondo Ossa, qui n’a jamais été reconnue comme vainqueur, malgré ses revendications persistantes. Cette période a également révélé ses limites politiques, notamment son incapacité à capitaliser sur le mouvement de transition en cours.
Avec la transition, les anciens alliés d’Ondo Ossa, n’aspiraient pas beaucoup à une rupture définitive avec l’ancien régime, ont choisi de collaborer avec le CTRI. Leur rassemblement a renforcé la légitimité de la transition et a marqué un tournant dans la vie politique gabonaise. Ce choix stratégique, perçu comme un alignement sur la volonté populaire, a laissé Albert Ondo Ossa isolé. Son insistance à contester la transition et à revendiquer une victoire présidentielle illégitime n’a pas trouvé d’écho auprès de ces figures politiques, ni auprès des citoyens.
Le référendum pour l’adoption d’une nouvelle Constitution aurait pu être l’occasion pour Ondo Ossa de démontrer qu’il reste une voix influente au Gabon. En appelant à voter NON, il espérait mobiliser les électeurs et prouver sa capacité à fédérer une opposition au-delà de ses anciens alliés. Cependant, les résultats provisoires sont sans appel : le NON n’a réalisé que 8,20 % des suffrages. Ce score faible souligne son incapacité à rallier une base populaire significative, confirmant son effacement progressif de l’échiquier politique.
Avec la perte de ses soutiens et un désaveu populaire clair, Albert Ondo Ossa semble aujourd’hui marginalisé dans le paysage politique gabonais. Si son rôle dans la présidentielle de 2023 reste un épisode marquant, sa posture actuelle, faite de contestations sans perspectives concrètes, risque du cantonner à une figure du passé. Dans un Gabon en transition, où l’aspiration au renouveau premier sur les querelles partisanes, Ondo Ossa devra repenser profondément son rôle s’il espère encore peser dans les débats à venir.
Le peuple peut faire d’un chien, un roi. Et d’un roi, un chien. Et c’est le cas d’Albert Ondo Ossa.