À peine trois jours après son investiture officielle, le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema entre de plain-pied dans l’arène diplomatique régionale. Ce 5 mai, le palais présidentiel de Libreville a reçu la visite de Baltasar Engonga Edjo’o, président de la Commission de la CEMAC, venu saluer le chef de l’État nouvellement élu et sonder les intentions de Libreville sur les grands chantiers communautaires à venir.
L’échange, cordial mais dense, a pris la forme d’un véritable tête-à-tête stratégique. Derrière les félicitations d’usage, c’est la place du Gabon dans l’équilibre régional qui s’est invitée au centre des discussions. En préparation de la prochaine Conférence des Chefs d’État de la CEMAC, Baltasar Engonga Edjo’o poursuit sa tournée diplomatique et affine les contours d’un sommet qui s’annonce déterminant pour relancer l’agenda commun. Libreville, qui fut longtemps relégué à la marge des décisions, veut désormais reprendre l’initiative.
Depuis son arrivée au pouvoir en août 2023, Oligui Nguema s’emploie à repositionner le Gabon comme un acteur fiable et engagé de l’intégration régionale. Sa méthode repose sur une discipline héritée de sa formation militaire, un réalisme économique assumé et un choix affirmé pour la stabilité diplomatique. Sa récente élection donne un ancrage politique nouveau à cette ligne, que le pouvoir entend mettre au service d’un leadership plus assumé au sein de la sous-région.
Au sortir de l’entretien, Baltasar Engonga Edjo’o a rappelé l’importance de préserver l’équilibre monétaire de la zone, tout en soulignant la vulnérabilité persistante face aux chocs extérieurs. Un diagnostic que partage Libreville, qui plaide pour une meilleure coordination des politiques économiques, dans un contexte marqué par l’endettement croissant, la montée des prix et la dépendance chronique aux matières premières.
Pour le président gabonais, l’enjeu dépasse les équilibres financiers. L’intégration régionale, dans sa vision, doit devenir un levier politique face aux replis souverainistes et aux incertitudes géopolitiques. En se repositionnant dans le concert communautaire, le Gabon veut se poser en architecte d’un nouvel équilibre régional. Un signal fort, à la veille d’un sommet qui pourrait bien redessiner les contours du leadership en Afrique centrale.