À moins d’un an des premières élections post-transition au Gabon, le président Brice Clotaire Oligui Nguema surprend en opérant un remaniement ministériel inattendu. Ce remaniement, annoncé le 15 janvier 2025, s’inscrit dans la lignée des décisions stratégiques qui ont marqué son mandat depuis le « Coup de Libération ». Suivant les traces de Feu Omar Bongo Ondimba, son ancien mentor, Oligui Nguema a démontré une fois de plus sa capacité à déjouer les pronostics en agissant là où on ne l’attendait pas, redéfinissant les priorités politiques à un moment clé.
Le communiqué, livré par le Secrétaire Général de la Présidence, le Pr Guy Rossantaga-Rignault, a officialisé les ajustements proposés par le Premier ministre Raymond Ndong Sima. Ce nouveau gouvernement, composé de 35 membres dont 11 femmes, reflète une tentative de renouvellement tout en conservant un certain équilibre. L’ajout de nouveaux profils, notamment de jeunes aux parcours remarquables, témoigne de l’ambition de répondre aux défis socio-économiques et de préparer le pays aux échéances électorales.
Parmi les changements notables, l’entrée du Dr Séraphin Akoure-Davain en tant que ministre de l’Énergie et porte-parole du Gouvernement a suscité de vifs commentaires. Personnalité connue pour son franc-parler, Akoure-Davain s’était illustré en 2023 par ses critiques sur la gestion politique précédente, prophétisant une refonte imminente du leadership gabonais. Sa nomination reflète une volonté de renforcer la communication gouvernementale et de redynamiser les réformes énergétiques, secteur clé pour l’économie nationale.
Ce remaniement souligne également une volonté d’inclure davantage les femmes dans la sphère décisionnelle, avec 11 postes ministériels désormais occupés par des figures féminines. Ces nominations s’inscrivent dans une démarche globale de modernisation, répondant ainsi à une attente de plus en plus forte dans la société gabonaise. Toutefois, certains observateurs soulignent une composition encore largement dominée par des acteurs proches du pouvoir militaire, soulevant des interrogations sur l’indépendance des décisions politiques.
Le principal défi pour ce gouvernement remanié sera de répondre aux attentes des Gabonais, marquées par des années d’instabilité politique et économique. Les priorités, telles que l’amélioration des infrastructures, la réforme de l’éducation et la relance de l’économie, doivent se traduire par des actions concrètes à court terme. Pour bon nombre, ces résultats conditionneront la crédibilité des élections à venir et la légitimité de la transition déterminée par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI).
Alors que des voix s’élèvent pour encourager Brice Clotaire Oligui Nguema à briguer la présidence lors des prochains scrutins, ce dernier semble pour l’instant se concentrer sur sa mission première : restaurer les institutions et redonner l’espoir à la population. Mais ce remaniement, par son ampleur et son timing, pourrait aussi être interprété comme un signal politique fort, laissant entrevoir les ambitions stratégiques du président de la Transition à l’approche de cette échéance cruciale.
