24.1 C
Libreville
samedi, août 2, 2025

Université, recherche : Le Gabon veut redéfinir sa coopération académique avec la France

Le 29 juillet 2025, à Libreville, le ministre gabonais de l’Enseignement supérieur, Dr Simplice Désiré Mamboula, s’est entretenu avec l’ambassadeur de France, Fabrice Mauriès. À première vue protocolaire, cette rencontre marque pourtant un moment révélateur du virage stratégique que prend le Gabon en matière de coopération universitaire. À l’heure où Libreville recompose ses priorités internationales, les échanges avec Paris s’inscrivent désormais dans une logique de rééquilibrage.

Deux axes sensibles ont concentré les discussions : la mobilité étudiante vers la France et l’avenir du Centre International de Recherches Médicales de Franceville (CIRMF). Sur le premier point, les autorités gabonaises affichent une volonté de réduire la dépendance aux formations à l’étranger. Une orientation qui privilégie le renforcement des établissements locaux pour former les cadres sur place, en lien direct avec les besoins du pays. Selon les données du ministère, plus de 6 000 étudiants gabonais sont actuellement inscrits en France.

Le dossier du CIRMF, quant à lui, illustre les tensions latentes de cette coopération scientifique. Créé en 1979 avec un appui financier et technique français, le centre a progressivement perdu de sa capacité opérationnelle. Des rapports de l’OMS et des institutions partenaires pointent une baisse des investissements, des difficultés de gouvernance et une absence de perspectives claires. Le Gabon s’interroge sur la pertinence du modèle hérité et explore des solutions pour réactiver ce pôle stratégique de recherche biomédicale.

En réponse, l’ambassadeur Mauriès a souligné la disponibilité de la France à construire un nouveau cadre de collaboration, plus adapté aux attentes actuelles. Plusieurs pistes sont à l’étude : co-diplômation, soutien à la recherche appliquée, programmes doctoraux conjoints. Autant de projets qui nécessiteront un alignement structurel entre les deux systèmes d’enseignement supérieur, sur fond de réforme interne des universités gabonaises.

Cette rencontre s’inscrit dans un mouvement plus large : celui d’un continent africain en quête de souveraineté académique. Pour le Gabon, cela signifie investir dans son capital humain et repositionner ses partenariats en fonction de ses priorités. La France, acteur historique, doit désormais composer avec un interlocuteur plus exigeant, qui aspire à une coopération d’égal à égal, fondée sur les résultats et non sur l’héritage.

Derniers articles
Articles similaires

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici