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lundi, août 25, 2025

Prostitution numérique : la police gabonaise démantèle un réseau tentaculaire sur WhatsApp

Jeudi 7 août 2025, la Police judiciaire gabonaise, appuyée par la Direction générale des recherches, a mené une opération ciblée contre un réseau de proxénétisme numérique. Près de vingt personnes ont été interpellées, soupçonnées d’avoir animé ou participé à des groupes WhatsApp utilisés pour organiser la prostitution de jeunes femmes et d’hommes à travers le pays. Derrière ces groupes aux allures anodines, se cachait un système structuré, opérant avec des méthodes commerciales bien rodées.

Les enquêteurs ont découvert des canaux de discussion réunissant jusqu’à 13 282 membres, servant à diffuser des photos, négocier des tarifs, et orienter les « prestataires » vers des clients. Une organisation qui violait ouvertement l’article 407 du Code pénal gabonais, qui interdit le proxénétisme sous toutes ses formes. Les administrateurs des groupes, identifiés par la police, sont accusés d’avoir facilité et encouragé la prostitution moyennant rémunération, le tout à l’abri d’un relatif anonymat numérique.

Mais au-delà du volet judiciaire, le risque sanitaire est également mis en avant par les autorités. Certaines des jeunes femmes arrêtées seraient porteuses du VIH/Sida, sans avoir toujours informé leurs partenaires. Une situation qui, selon les enquêteurs, aurait pu exposer un nombre significatif de personnes à des infections, faute de prévention ou de suivi médical. Ce constat alarme les autorités sanitaires, déjà confrontées à une précarité croissante parmi les jeunes.

Les témoignages recueillis sur Gabon 1ère éclairent une réalité plus complexe. Plusieurs femmes expliquent avoir intégré ces groupes sous la pression de conditions de vie extrêmement difficiles. L’une évoque trois enfants à charge et la nécessité de réunir le prix d’un billet d’avion, l’autre décrit un système de propositions tarifaires en messages privés, laissant peu de place au choix réel. Si l’illégalité de l’acte est avérée, le profil des personnes interpellées interroge sur l’arrière-plan social du phénomène.

Dans un contexte de transition politique, le pouvoir exécutif entend afficher sa détermination. Le Président Brice Clotaire Oligui Nguema a plusieurs fois insisté sur le retour à l’ordre, à l’éthique publique et au respect de la loi. Cette opération s’inscrit dans une série d’initiatives destinées à renforcer la présence de l’État dans la lutte contre les trafics et l’exploitation. Reste à savoir si les suites judiciaires seront à la hauteur de l’émotion suscitée, et si des réponses structurelles seront apportées aux causes profondes de cette dérive.

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