Il est des trajectoires qui défient les lois de la probabilité. Celle de Mohamed Kourouma, alias « L’Oiseau Rare », en fait incontestablement partie. Originaire de « La Campagne », un quartier de Libreville connu autant pour son insécurité que pour son énergie bouillonnante, le jeune homme s’est imposé comme une voix singulière sur la scène musicale gabonaise. C’est pendant la crise du Covid-19 que le public découvre ce diamant brut à travers des vidéos virales sur TikTok, où son charisme brut et son style décalé captivent instantanément.
Repéré par l’homme d’affaires Le Roi Béni la Source, Mohamed Kourouma entre en studio. Ce sera le déclic. Les titres s’enchaînent, le public adhère, et l’album La Ntcham domine le monde confirme l’émergence d’un artiste authentique, à la parole libre et à l’énergie brute. Plus qu’un phénomène de réseau social, il devient la voix d’une jeunesse désabusée, mais inventive, qui rêve de s’extraire de la marge.
La Campagne, lieu de naissance du fils de maman Happy, n’a pourtant rien d’un tremplin artistique. Ce quartier souvent pointé du doigt pour ses trafics, ses violences et ses échecs scolaires est davantage associé à la délinquance qu’au succès. L’artiste lui-même a connu les affres de la rue et des séjours derrière les barreaux. Mais c’est justement cette part sombre qui donne à son parcours une force particulière. Il a fait amende honorable, transformant son vécu en matière première artistique.
Son ascension fulgurante n’est pas passée inaperçue. De nombreux artistes francophones sollicitent aujourd’hui des collaborations avec lui, tandis que ses titres font régulièrement le buzz sur TikTok. Le symbole est fort : ce jeune homme que tout prédestinait à l’oubli s’est produit au Casino de Paris, lieu emblématique où seuls les plus grands ont voix au chapitre. Une consécration à la mesure de son talent et de sa détermination.
L’histoire de l’Oiseau Rare dépasse le cadre musical. Elle raconte une revanche, celle d’un enfant de la périphérie qui, malgré les embûches, refuse la fatalité. À travers lui, c’est une jeunesse souvent stigmatisée qui trouve une forme de rédemption et d’inspiration. Rare, il l’est assurément — par son parcours, sa voix et son refus de se laisser enfermer dans une case.
