Dans une démarche visant à optimiser la gestion de sa dette publique et renforcer sa crédibilité sur les marchés internationaux, le Gabon a annoncé, le 10 février 2025, le lancement d’une nouvelle opération de rachat de son eurobond. Cette transaction porte sur un montant de 315 millions de dollars, soit environ 200,5 milliards de FCFA, représentant le solde de l’euro-obligation émise en 2015 et arrivant à échéance en juin 2025. Cette initiative s’inscrit dans la continuité d’un premier remboursement de 290 millions de dollars réalisé en octobre dernier.
Le gouvernement gabonais a précisé que cette nouvelle opération se déroulera jusqu’au 14 février, avec des résultats attendus avant le règlement de la transaction prévu le 19 février. Actuellement, cet eurobond constitue 9,2 % de la dette extérieure du pays, estimée à 4 185,2 milliards de FCFA à fin septembre 2024. Par ailleurs, Libreville a annoncé son intention d’émettre 570 millions de dollars de nouvelles obligations libellées en dollars par le biais d’un placement privé, afin de diversifier ses sources de financement.
Le succès du premier rachat, avec une souscription de 156 %, témoigne de l’intérêt des investisseurs pour la restructuration de la dette gabonaise. Selon le président de la transition, cette démarche vise à rassurer les partenaires financiers et à alléger les contraintes de trésorerie interne. L’opération actuelle s’inscrit dans une stratégie plus large de maîtrise des engagements financiers du pays et d’amélioration des conditions d’accès aux financements futurs.
Ce programme de rachat de dette marque un tournant dans la politique économique du Gabon, qui cherche à corriger les excès du passé. En 2023, les engagements financiers du pays avaient explosé de 127 %, atteignant 70,5 % du PIB, en grande partie alimentés par des financements extérieurs et régionaux. Conscient des risques, le nouveau gouvernement met en place une approche plus disciplinée afin d’éviter une spirale d’endettement incontrôlée.
La pression exercée par le FMI a également joué un rôle clé dans ces décisions. L’institution financière avait prévu que la dette publique gabonaise atteindrait 73,1 % du PIB d’ici fin 2024 et grimperait à 78,9 % en 2025 si la tendance se poursuivait. Face à ces projections, le Gabon tente d’anticiper les risques et d’améliorer sa soutenabilité financière, notamment en préparant l’émission d’un eurobond de 30 ans sur le marché international, pour un montant estimé à 468,5 milliards de FCFA.
Au-delà des chiffres, cette stratégie vise à repositionner le Gabon comme un acteur crédible sur la scène financière internationale. Le gouvernement devra toutefois convaincre les marchés de la viabilité de son plan, tout en s’assurant que ces opérations ne fragilisent pas davantage les finances publiques. La réussite de ce pari dépendra de la capacité du pays à maintenir un équilibre entre désendettement et financement du développement.