Le Gabon vient d’assister à une série d’arrestations qui marqueront probablement l’histoire de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG). En effet, plusieurs hauts responsables de la SEEG ont été mis en détention après une enquête approfondie menée par la Direction générale des Recherches (DGR), sous l’impulsion du Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI). Ces dirigeants sont accusés d’avoir orchestré un vaste réseau de fraude au sein du système informatique de la SEEG, causant des perturbations majeures dans la gestion énergétique et hydraulique du pays.
Les investigations ont révélé une collaboration frauduleuse entre la SEEG et Sigma Technologie, filiale du groupe TLDC. Sigma, avec l’aide de certains cadres de la SEEG, aurait réussi à obtenir un accès complet aux systèmes informatiques de la société publique. Grâce à cet accès, un piratage sophistiqué a permis de manipuler les réseaux d’électricité et d’eau, entraînant des pertes colossales pour l’État. Ce réseau mafieux impliquait même d’anciens employés retraités, démontrant l’ampleur et la complexité du complot.
Le cœur de la fraude repose sur une connexion appelée « liaison bel air », qui permettait aux serveurs de Sigma d’agir comme s’ils étaient ceux de la SEEG. En d’autres termes, ces fraudeurs pouvaient débloquer des compteurs et manipuler les données de facturation comme s’ils étaient les administrateurs légitimes de l’entreprise. Les licences et les accès utilisés étaient presque impossibles à distinguer de ceux de la SEEG, rendant la fraude d’autant plus difficile à identifier et à stopper dans un premier temps.
Face à cette situation alarmante, les enquêteurs du CTRI ont pris des mesures drastiques. Ils ont débranché plusieurs serveurs de la SEEG dans une tentative de stopper les activités frauduleuses. Cependant, malgré ces efforts, les fraudeurs ont réussi à poursuivre leurs opérations, vendant des tickets Edan et manipulant les systèmes comme si de rien n’était. Cette résistance technique des serveurs déconnectés, qui continuaient d’opérer, a ajouté une dimension presque surréaliste à cette affaire.
Ce scandale plonge la SEEG dans une crise sans précédent. Ce qui devait être une institution au service du développement énergétique et hydraulique du pays se retrouve maintenant au cœur d’un scandale financier et technologique d’envergure. Avec plusieurs de ses cadres en prison, la SEEG doit faire face à un défi colossal : rétablir la confiance du public et prouver qu’elle peut fonctionner sans être corrompue de l’intérieur.
Ce dossier, qui mêle fraude, technologie et pouvoir, n’est pas sans rappeler les grandes affaires judiciaires mondiales. Le Gabon, à travers le CTRI, montre une volonté ferme de lutter contre la corruption, mais il reste à voir comment cette affaire évoluera et quelles autres têtes tomberont dans ce qui est désormais considéré comme l’un des plus grands scandales économiques du pays.