Depuis son quartier natal de La Sorbonne à Libreville, l’artiste gabonais Don’zer s’affirme comme bien plus qu’un chanteur. Il prend la parole avec gravité sur les réseaux sociaux pour alerter sur un phénomène qui mine silencieusement la société : l’emprise croissante de l’alcool chez les jeunes. À travers une publication Facebook, il livre un témoignage lucide, presque brutal, sur les conséquences insidieuses d’une consommation banalisée. Ce qui commence comme un divertissement entre amis peut vite virer à la spirale de la dépendance, observe-t-il, dénonçant une forme d’aveuglement collectif.
Dans un langage direct, l’auteur du tube Goudronnier évoque l’évolution inquiétante de comportements qu’on juge trop souvent anodins. L’alcool devient, pour certains, une norme sociale, un passage obligé de l’adolescence. Mais selon lui, cette légèreté apparente dissimule une réalité plus sombre : désintérêt progressif pour toute forme d’ambition, endettement, rupture familiale, voire troubles psychiques. Une dérive qu’il associe à des trajectoires qu’il a lui-même observées dans son entourage immédiat, notamment chez des adultes aujourd’hui brisés.
Don’zer ne parle pas en moraliste mais en témoin crédible. Issu d’un environnement connu pour sa dureté, il a été confronté très tôt aux pièges de la rue. La Sorbonne, quartier populaire et souvent stigmatisé, l’a forgé. Pourtant, là où beaucoup ont cédé à la violence ou à l’addiction, lui a trouvé une issue dans la rigueur familiale et la poursuite de ses études, sans jamais renier sa passion musicale. Cette discipline, il la revendique aujourd’hui comme un rempart contre les dérives qui menacent la jeunesse.
Son engagement dépasse désormais les studios d’enregistrement. Conscient de son influence, Don’zer utilise sa notoriété pour porter un message de prévention et de responsabilité. À travers son style musical propre, la ntcham, il cherche à toucher une génération souvent désabusée, parfois résignée. Son ambition : redonner aux jeunes le goût de l’effort et du discernement face à un fléau trop souvent toléré.
Dans un pays où la parole publique peine parfois à atteindre les quartiers populaires, la démarche de Don’zer résonne comme un signal d’alerte. Il tend un miroir à une société qui s’habitue trop vite au pire, et rappelle que certaines habitudes, si elles ne sont pas questionnées à temps, peuvent devenir des chaînes.