Quelques semaines après la dégradation de la note de crédit du Gabon par Moody’s, c’est maintenant au tour de Fitch Ratings d’abaisser la note souveraine du pays de « B- » à « CCC+ ». Cette décision, prise le 26 juillet, met en lumière les défis économiques croissants du Gabon, notamment une flexibilité budgétaire limitée, une dette publique insoutenable et une vulnérabilité externe accrue. La nouvelle note reflète les risques accrus pesant sur la capacité du pays à rembourser sa dette et la détérioration continue des indicateurs financiers.
Malgré les assurances du gouvernement sur la viabilité des finances publiques, la situation économique du Gabon continue de se dégrader. La nouvelle notation de Fitch souligne les risques liés à la capacité de remboursement de la dette, la mobilisation de financements suffisants et l’augmentation des dépenses gouvernementales, même dans un contexte de transition politique. La pression sur les finances publiques s’intensifie, rendant la gestion économique du pays de plus en plus difficile.
Le gouvernement a décidé de mettre en œuvre un plan de développement massif de plus de 3696 milliards de FCFA, sans tenir compte des faiblesses structurelles héritées des régimes précédents. Cette initiative ambitieuse intervient alors que le pays doit faire face à des besoins de financement importants, comme le remboursement de l’euro-obligation de 605 millions USD prévu pour 2025. En outre, le Gabon accumule des arriérés extérieurs, estimés à 165 milliards de FCFA à la fin mai 2024, exacerbant encore ses défis financiers.
Le solde budgétaire du Gabon, qui est passé d’un excédent de 1,1% du PIB en 2022 à un déficit estimé à 1,8% en 2023, est un indicateur clé de la détérioration économique. La dette publique, désormais estimée à 70,4% du PIB, continue de croître, tandis que les arriérés envers les fournisseurs et autres passifs s’accumulent. Fitch prévoit que la dette publique atteindra environ 79% du PIB en 2026, avec un déficit budgétaire creusé à 3,9% du PIB en 2024, conséquence d’une politique budgétaire expansionniste.
Le Gabon semble pris dans un cercle vicieux où la détérioration économique entraîne des coûts de financement plus élevés, exacerbant ainsi les problèmes économiques. Les autorités de la transition hésitent à adopter une gestion proactive et à mettre en œuvre des réformes structurelles profondes, ignorant les pressions économiques croissantes. Cette inertie risque de détériorer encore davantage le tissu économique du pays.
L’absence de réformes significatives et la gestion économique actuelle augmentent les incertitudes quant à l’avenir du Gabon. Les pressions sur les finances publiques et la dette croissante laissent peu de marge de manœuvre pour des améliorations rapides. Sans une approche plus proactive et des réformes structurelles, le Gabon risque de voir sa situation économique se détériorer encore davantage, avec des conséquences potentiellement graves pour sa stabilité financière et son développement à long terme.
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