La justice gabonaise ne compte pas se laisser dicter ses décisions. Le Procureur général près la Cour d’appel de Libreville, Dr Eddy Minang, a tenu une conférence de presse remarquée ce mercredi 23 juillet 2025 pour répondre aux critiques suscitées par la mise en liberté provisoire de l’ex-Première Dame Sylvie Bongo et de son fils, Noureddin Bongo Valentin. Entre rigueur juridique, rappel à la déontologie et mise en garde contre les ingérences étrangères, le haut magistrat a tenu à réaffirmer l’indépendance des institutions judiciaires du pays.
D’entrée de jeu, Dr Minang a rappelé que la décision querellée s’appuie sur le Code de procédure pénale gabonais, notamment les articles 132 et 143, qui permettent à toute personne mise en examen de solliciter une liberté provisoire à tout moment, si les conditions sont réunies. Il a fermement corrigé les interprétations erronées évoquant une prétendue « détention provisoire », une notion qu’il a qualifiée d’absente du corpus juridique national. Visiblement irrité, il a dénoncé une « erreur grossière » commise par un avocat étranger, allant jusqu’à railler son niveau de compétence.

Au-delà des précisions juridiques, le Procureur général a tenu à rappeler les principes déontologiques auxquels doivent se conformer tous les professionnels du droit, de Libreville à Paris. Citant l’article 10 du Règlement intérieur des barreaux français et un arrêt de la Cour de cassation, il a insisté sur les limites de la liberté d’expression des avocats. Les attaques verbales contre la justice gabonaise, jugées diffamatoires, pourraient donner lieu à des suites auprès des instances disciplinaires françaises, a-t-il averti.
Dr Minang a ensuite élargi son propos à une critique plus large du traitement réservé aux justices africaines par certains milieux occidentaux. Il a dénoncé un regard empreint de condescendance, hérité selon lui des réflexes post-coloniaux. Pour illustrer son propos, il a rappelé avec ironie que l’un des avocats les plus virulents à l’égard du Gabon a étudié à l’université où lui-même a soutenu une thèse de doctorat avec les félicitations du jury. Dans un trait à la fois mordant et savamment calculé, il s’est dit prêt à le « prendre en encadrement ».
Par cette intervention peu commune, le Procureur général a souhaité remettre les pendules à l’heure, à la fois sur le plan du droit et du respect institutionnel. Son message est clair : la justice gabonaise n’est ni sous tutelle, ni en déficit de compétence. Et face aux discours empreints d’arrogance ou de désinformation, elle entend désormais faire valoir sa souveraineté avec fermeté.