À l’occasion d’une Discussion Concorde organisée par l’Institut du même nom, Ike Ngouoni Aïla Oyouomi, fondateur du groupe Aïla, s’est exprimé sur les obstacles rencontrés par la jeunesse gabonaise pour accéder à la vie active. Une intervention nourrie par le terrain, entre observation lucide et retours directs des premiers concernés.
Selon lui, le retard avec lequel les jeunes Gabonais s’insèrent dans l’emploi n’est pas une coïncidence, mais le reflet d’une réalité structurelle. Contrairement à d’autres pays où les primo-demandeurs d’emploi se voient rapidement confier des responsabilités, la jeunesse locale se heurte à des portes closes. Ce verrouillage progressif du marché, aggravé au fil des décennies, est désormais bien ancré.
Le problème, selon Ngouoni, ne tient pas à un manque d’envie ou de compétence, mais à un environnement économique défavorable. Les entreprises naissantes, loin de représenter des relais de croissance ou d’emploi, opèrent dans un climat d’urgence permanente. « Elles sont dans un stress de survie », déclare-t-il, soulignant une pression constante exercée sur les structures qui tentent de s’établir.
Cette fragilité trouve son origine dans la configuration même de l’économie gabonaise, largement dominée par des situations de monopole. Pour Ngouoni, ces monopoles étouffent l’initiative privée, empêchent l’émergence d’une concurrence saine et paralysent l’innovation entrepreneuriale. Conséquence directe : les opportunités se raréfient et l’espoir d’un premier emploi se transforme trop souvent en attente sans horizon.
En pointant ces blocages systémiques, l’ancien conseiller présidentiel invite à une réflexion collective sur les mécanismes économiques à repenser. Car derrière les statistiques sur le chômage des jeunes, c’est tout un modèle qu’il faut interroger pour libérer enfin l’élan d’une génération tenue à l’écart.
