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mardi, août 26, 2025

Henri-Claude Oyima s’attaque aux dérives des baux administratifs

La décision est tombée comme un couperet. Henri-Claude Oyima, ministre de l’Économie et des Finances, a ordonné la suspension immédiate de tous les paiements liés aux baux administratifs. Derrière ce geste fort, un constat : le secteur immobilier de l’administration publique s’est transformé en gouffre budgétaire, alimenté par des pratiques opaques et des dépenses sans frein.

En une douzaine d’années, les loyers payés par l’État gabonais sont passés de 6,7 milliards à plus de 25 milliards de francs CFA par an. Un rythme de croissance qui interroge, avec une moyenne de +37 % par an, totalement déconnectée de la réalité du marché. La dette cumulée atteint aujourd’hui plus de 67 milliards de francs CFA, dont près de la moitié en arriérés. Ce fardeau compromet les équilibres budgétaires et alimente les soupçons sur l’existence d’un système de surfacturation organisé.

Les causes de cette dérive sont identifiées : prolifération désordonnée d’agences publiques, abandon du patrimoine immobilier de l’État, démolition d’ensembles stratégiques comme la Cité de la Démocratie, et une absence d’investissement dans de nouvelles infrastructures. S’y ajoute une gestion budgétaire que le ministre qualifie lui-même de « peu orthodoxe », marquée par des loyers hors normes en dépit d’un cadre réglementaire censé les encadrer.

Henri-Claude Oyima a donc tranché : aucun paiement ne sera effectué tant qu’un audit complet n’aura pas été mené. Cet audit devra examiner les conditions d’attribution des contrats, leur renouvellement, leur base légale et leur conformité. L’objectif est clair : identifier les abus, détecter les contrats fictifs ou illégaux, et restaurer un minimum de discipline financière dans un secteur devenu incontrôlable.

En parallèle, le gouvernement veut accélérer la réhabilitation de ses propres infrastructures et relancer les projets suspendus, à commencer par la Cité administrative de Plaine-Orety. Une stratégie pensée pour réduire la dépendance aux baux privés et rationaliser les coûts. Reste à savoir si cette reprise en main suffira à démanteler un système qui, à force d’impunité, a prospéré dans l’ombre de l’État.

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