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mercredi, juillet 16, 2025

Gregory Laccruche Alihanga brise le silence et accuse ses anciens bourreaux qui tentent aujourd’hui, de se faire passer pour des saints

Après quatre années de silence, Gregory Laccruche Alihanga, ancien maire d’Akanda et ex-détenu de l’« Opération Scorpion », a publié ce 15 juillet 2025 une lettre ouverte dans laquelle il dénonce avec virulence les dérives de l’ancien régime Bongo. Victime, selon lui, d’une répression politique méthodique, il livre un témoignage implacable contre ceux qu’il accuse d’avoir foulé aux pieds les droits fondamentaux, tout en tentant aujourd’hui de se poser en victimes. Une mise au point aux allures de règlement de comptes, mais surtout, un cri de vérité dans la bataille mémorielle qui s’ouvre au Gabon.

Dans ce texte dense et incisif, Laccruche Alihanga affirme avoir été la cible d’un acharnement politique pour avoir refusé de trahir son frère, Brice Laccruche Alihanga, ex-directeur de cabinet d’Ali Bongo. Il raconte avoir été convoqué en 2019 par Noureddin Bongo Valentin pour fabriquer des accusations de trahison. Son refus lui aurait valu une arrestation immédiate, suivie d’une détention de quatre ans sans procès, dans des conditions qualifiées d’inhumaines : isolement total, privation de soins, absence de visite et de défense. « J’étais un otage », écrit-il, soulignant que sa seule faute fut d’avoir tenu tête à l’héritier du régime déchu.

Au fil de son récit, l’ancien édile s’en prend à ce qu’il appelle une « cynique inversion des rôles ». Il fustige les anciens dirigeants aujourd’hui marginalisés, qu’il accuse de se draper dans les habits de victimes tout en ayant été les architectes d’un système d’oppression. « Vous nous avez traités comme des cafards », assène-t-il, rappelant que ceux-là mêmes qui invoquent désormais les droits de l’homme n’ont jamais hésité à les bafouer. Il pointe également l’indifférence affichée à l’époque face aux avis de l’ONU, qui dès 2020 avait qualifié sa détention d’arbitraire.

Au-delà de son propre calvaire, Laccruche Alihanga évoque les séquelles profondes infligées à sa famille. Sa mère, victime de deux AVC, est aujourd’hui handicapée. Lui-même dit avoir perdu la vue durant sa détention, et son frère, gravement malade, n’aurait survécu que grâce à l’intervention du président Brice Clotaire Oligui Nguema, dont il salue le rôle « salutaire ». Sans détour, il accuse l’ancien pouvoir d’avoir consciemment cherché à les anéantir, dans un silence complice des institutions judiciaires.

Gregory Laccruche Alihanga conclut en affirmant qu’il n’est mû ni par la rancune ni par le désir de revanche, mais par la volonté de rétablir la vérité. Il entend désormais utiliser tous les recours, tant au Gabon qu’à l’international, pour empêcher que ceux qui ont foulé la justice ne la réécrivent à leur convenance. Dans un contexte de transition politique encore fragile, cette prise de parole tranche par sa fermeté et pourrait raviver les tensions autour du passé immédiat du pays. Le temps du silence semble bel et bien révolu.

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