Ce 13 avril marquait le lancement au Gabon, en présence de la Première Dame Sylvia Bongo Ondimba, de l’application Hello Ado, à l’initiative du Ministère de la Santé et des Affaires Sociales et du Ministère de l’Education Nationale, chargé de la Formation Civique, en partenariat avec l’Unesco et l’UNFPA. Ce projet s’inscrit dans la continuité de la mobilisation intergouvernementale Gabon Egalité en faveur de la réduction des inégalités de genre avec pour objectif spécifique de sensibiliser les plus jeunes à la santé sexuelle et reproductive dans un contexte où les grossesses précoces demeurent un sujet critique, prédominant et tabou à l’échelle nationale.
Cette plateforme éducative et interactive à destination des jeunes, sous la forme d’une application gratuite, propose des contenus écrit, audio et vidéo répondant aux questions que les jeunes se posent ainsi qu’une liste des services d’accueil et de soins– actualisée en fonction des évaluations des utilisateurs – auprès desquelles les jeunes peuvent se tourner ainsi qu’une fonction tchat pour pouvoir échanger en direct avec eux. Porté par l’Unesco et l’UNFPA et soutenu par le Ministère de la Santé et des Affaires Sociales et du Ministère de l’Education Nationale, cet outil a vocation à apporter des solutions aux adolescents en matière de santé sexuelle et reproductive et d’accès à la contraception.
La démarche s’inscrit dans la continuité de l’adoption et de la promulgation de la loi portant élimination des violences faites aux femmes et de la mise en application des recommandations de la stratégie de réduction des inégalités de genre au Gabon, dont le rapport avait mis en exergue un état des lieux très préoccupant des grossesses précoces à l’échelle nationale.
Dans un contexte où l’on constate une déperdition scolaire forte et un important absentéisme pour les filles, la scolarité des filles demeure fortement affectée par les grossesses précoces qui concernent ~50% des 15-19 ans. Ces grossesses ont un impact négatif sur la scolarité et donnent lieu à des redoublements ou de l’abandon scolaire des élèves-mères dans plus de 50% des cas. En outre, les grossesses précoces sont également le témoin de l’importance et de la banalisation des violences sexuelles en milieu scolaire, puisque les relations intergénérationnelles, consenties ou issues d’un rapport de domination, sont à l’origine de ~40% des grossesses précoces.
Compte tenu de l’enjeu national d’accès aux soins et à l’éducation et de lutte contre les violences faites aux femmes, ce sujet a été placé au cœur de la mobilisation intergouvernementale Gabon Egalité. L’élaboration de modules de formation, d’outils de sensibilisation, la formation des animateurs et membres d’associations, ont ainsi permis le déploiement d’un programme de sensibilisation à l’éducation sexuelle et aux grossesses précoces auprès de 34 000 adolescents et jeunes des établissements de l’Estuaire, de l’Ogooué-Maritime, de la Ngounié, de la Nyanga et du Moyen-Ogooué et de 10 000 parents.
Ces sensibilisations ont été renforcées par l’organisation de campagnes d’information et d’identification de filles enceintes et de jeunes mères scolarisées et d’une enquête sur leurs besoins en accompagnement. 2134 jeunes filles enceintes ont ainsi été recensées et prises en charge, donnant alors accès à un accompagnement psychologique, médical et social et permettant la création d’un répertoire national des filles enceintes et jeunes mères scolarisées prises en charge. Plus de 80% des filles accompagnées sont désormais maintenues en situation de scolarité. Ainsi, aux examens de juin 2022, le taux de réussite aux examens (BEPC et BAC) des élèves enceintes ou mamans accompagnées était de 54% (contre 62% pour les autres élèves).
Très préoccupée par cette situation, la Première Dame Sylvia Bongo Ondimba a tenu à manifester son appui lors de la cérémonie de lancement de la plateforme Hello Ado, appelant de ses voeux à faire de la lutte contre les grossesses précoces une grande cause nationale et a interpellé avec émotion les participants: “je suis personnellement profondément meurtrie chaque fois que je rencontre une jeune fille, une petite fille, en âge d’être à l’école, enceinte ou mère. Malheureusement, toutes nos provinces sont touchées par cette problématique de grossesses précoces, qui concerne plus de la moitié des filles gabonaises, âgées de 15 à 19 ans. Nous mobiliser sur cette cause, c’est notre façon de vous dire que vous les jeunes, vous comptez pour nous, que votre présent et votre avenir ont de l’importance à nos yeux.”