Depuis l’annonce de la suspension des décaissements de la Banque mondiale envers le Gabon pour cause de retards de paiement, le débat fait rage. Tandis que certains détracteurs du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) y voient un signe de dysfonctionnement, le ministère du Budget, dirigé par Charles M’Ba, a réagi avec fermeté pour clarifier la situation. Cette suspension, la deuxième en peu de temps, serait, selon le gouvernement, moins une crise qu’un simple ajustement temporaire.
L’explication avancée par les autorités repose sur des réalités économiques globales et des priorités nationales. Un enseignant d’économie de l’Université Omar Bongo, proche de certains analystes influents, souligne que le Gabon n’est pas un cas isolé. « Le contexte économique mondial, marqué par la baisse des prix du pétrole, la pandémie de Covid-19, et les bouleversements internes récents comme le Coup de Libération, a affecté de nombreux pays », explique-t-il. Ces facteurs ont, selon lui, fragilisé les finances publiques mais n’entament pas la crédibilité du pays auprès des institutions financières internationales.
Les priorités sociales du gouvernement de transition sont également mises en avant pour expliquer cette situation. Depuis son arrivée, le CTRI a engagé des réformes coûteuses mais indispensables, notamment la création de milliers de postes budgétaires, le paiement des rappels de salaires, et le règlement des arrivées des pensions à la CNSS et à la CPPF. Ces efforts, représentant plus de 1 200 milliards de FCFA, ont indéniablement pesé sur les finances publiques, mais témoignent d’une volonté de répondre aux attentes pressantes de la population.
Pour la Banque mondiale, cette suspension n’est pas définitive. Les règles des institutions de Bretton Woods sont claires : une fois les paiements en cours régularisés ou des échéanciers établis, les financements peuvent reprendre. Comme le souligne le même économiste, « ces institutions fonctionnent sur des bases commerciales. Le Gabon, s’il honore ses engagements, pourra à nouveau bénéficier des fonds nécessaires pour ses projets ».
Cette situation répond toutefois en lumière à la nécessité pour le Gabon d’anticiper et de mieux gérer ses engagements financiers. En mettant en place un mécanisme de provision des échéances dues, le gouvernement pourrait éviter à l’avenir ce type d’interruption et assurer durablement ses partenaires. Un tel ajustement stratégique serait un signal fort de la capacité du pays à conjuguer réformes internes et obligations internationales.
Face aux critiques, le gouvernement reste confiant. Les opposants au CTRI, qui dénoncent cette suspension comme un échec, peinent à proposer des alternatives concrètes ou des analyses crédibles. Dans un climat marqué par des débats souvent passionnés, les autorités gabonaises semblent déterminées à avancer et à rétablir la confiance avec leurs partenaires financiers.