Le 17 février 2025, la visite de Simon Day, Haut Commissaire britannique, auprès du Général Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la Transition au Gabon, n’a rien d’anodin. Ce tête-à-tête au Palais Rénovation s’inscrit dans une dynamique plus large amorcée depuis l’adhésion du Gabon au Commonwealth en 2022. Deux ans après ce tournant diplomatique, Libreville et Londres avance à pas mesurées vers une coopération qui dépasse le cadre symbolique, révélant des intérêts mutuels précis, notamment économiques et environnementaux.
Les échanges ont mis en lumière l’appétit grandiose des investisseurs britanniques pour les ressources naturelles gabonaises. Forêts denses, minéraux sous-exploités, hydrocarbures toujours dominants : le potentiel est connu, mais Londres mise sur une approche différente. Simon Day a plaidé pour des partenariats axés sur la gestion durable et la valorisation locale. Un virage qui coïncide avec les ambitions gabonaises de réduire sa dépendance au pétrole, encore source de 60 % des revenus d’exportation du pays. Ces investissements verts pourraient offrir une nouvelle respiration à une économie en quête de diversification.
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Sur le volet éducatif, le rapprochement progresse lentement mais suscite des attentes concrètes. Le programme de bourses Chevening, vitrine britannique de la coopération universitaire, reste sous-exploité par les étudiants gabonais. Chaque année, près de 1 500 jeunes Africains partent se former au Royaume-Uni, mais le Gabon peine à s’y imposer. Le gouvernement espère inverser la tendance et faire de cette mobilité un levier pour ancienne génération apte à accompagner les réformes économiques engagées.
Cette accélération des liens s’inscrit également dans une bataille d’influence plus large sur le continent. Face à une Afrique convoitée par Pékin et Moscou, Londres tente de réajuster sa position depuis le Brexit. Multipliant les accords bilatéraux, le Royaume-Uni cherche à sécuriser ses approvisionnements stratégiques, tout en jouant la carte d’un partenariat « sur mesure », loin des grands schémas d’aide internationale, souvent évoqués.
Pour le Gabon, cette alliance naissante revêt une dimension politique forte. En période de transition, Oligui Nguema veut rassurer ses partenaires et attirer de nouveaux capitaux. La confiance accordée par Londres envoie un signal aux autres investisseurs occidentaux, au moment où Libreville ambitionne de réformer son économie et d’exploiter plus finement ses atouts environnementaux. Cette convergence pragmatique, entre recherche de stabilité locale et quête d’influence globale, pourrait bien façonner l’avenir des relations entre les deux nations.