Dans un contexte marqué par la réorientation des relations internationales, Oligui Nguema, actuel leader du Gabon, adopte une approche pragmatique vis-à-vis de la France. Contrairement à certains régimes militaires du Sahel, qui ont opté pour une rupture nette avec l’ancienne puissance coloniale, le président gabonais se montre résolument favorable à un partenariat d’État à État, tout en affirmant la nécessité d’une redéfinition des termes de la coopération militaire. Pour lui, aucun pays ne peut se construire dans l’isolement, et la France, bien que critiquée par certains, reste un partenaire essentiel dans la construction du Gabon moderne.
Au cœur de ce repositionnement, une transformation symbolique et concrète des relations militaires prend forme. La base française de Libreville, longtemps symbole de la présence militaire de l’Hexagone, sera rebaptisée avec un nom gabonais. Ce geste pourrait être une manière de rendre hommage à une figure locale, comme le général Boulingui, tout en inscrivant cette révision dans une logique de souveraineté accrue. Par ailleurs, le nombre de militaires français sur place sera réduit à 150, afin de laisser place à une collaboration franco-gabonaise plus équilibrée, centrée sur des formations conjointes.
Dans cette recomposition des relations franco-africaines, le Gabon se démarque en privilégiant une ouverture pragmatique et multilatérale. Oligui Nguema le souligne : « Nous travaillons avec tout le monde. » Une déclaration qui ouvre la porte à des partenariats avec d’autres puissances mondiales, telles que la Russie ou la Chine, dont les investissements et l’influence croissants en Afrique ne passent pas inaperçus.
Cette stratégie d’équilibre visée par le président gabonais se veut un moyen de préserver la souveraineté du Gabon sans succomber à l’isolement. En réaffirmant sa position de neutralité active, Libreville entend naviguer habilement entre ses différents alliés, tout en mettant un accent particulier sur le respect de ses choix politiques et économiques.
Dans ce nouvel ordre mondial où les alliances sont redéfinies, la posture de Oligui Nguema apparaît comme une tentative d’éviter les extrêmes, en optant pour des partenariats constructifs et diversifiés, dans le but de renforcer le Gabon sans compromettre son indépendance.