Depuis deux décennies, les diagnostics sur les fragilités de l’économie gabonaise se répètent, sans que les transformations attendues ne s’enclenchent durablement. La dépendance persistante aux hydrocarbures, qui ont longtemps porté la croissance du pays, constitue aujourd’hui un frein majeur à son développement. Cette rente pétrolière, source de revenus budgétaires importants, masque des retards structurels et limite la diversification nécessaire vers d’autres secteurs porteurs comme l’agro-industrie, le numérique, l’économie verte ou le tourisme.
La transformation locale des ressources naturelles reste insuffisante. Trop souvent exportées à l’état brut, les matières premières du Gabon, telles que le bois ou les minerais, pourraient générer davantage de valeur ajoutée si elles étaient traitées sur le territoire national. Une industrialisation ciblée permettrait de créer des emplois qualifiés et de structurer un tissu économique plus autonome. Pour cela, un environnement propice à l’investissement, des incitations claires et un cadre réglementaire modernisé sont indispensables.
Cette inertie industrielle s’accompagne d’une croissance économique fragile, marquée par une forte dépendance aux marchés internationaux et une faible capacité de résilience face aux crises. Le pays connaît aussi une dépendance alimentaire préoccupante, avec plus de 60 % de ses produits importés. Le développement d’une agriculture locale robuste et d’une agro-industrie performante devient ainsi une priorité pour garantir la sécurité alimentaire et réduire l’exposition aux chocs externes.
Le marché de l’emploi, dominé par la fonction publique, reflète une autre impasse. L’essor d’un secteur privé dynamique, appuyé par une culture entrepreneuriale forte, est indispensable pour absorber une jeunesse toujours plus nombreuse sur le marché du travail. Ce défi est accentué par la faiblesse de l’investissement privé, freinée par des lourdeurs administratives, un climat d’affaires peu attractif et un système éducatif inadapté aux besoins réels de l’économie.
Enfin, les inégalités sociales persistantes, les dysfonctionnements des systèmes de santé et d’éducation, et la corruption endémique minent la confiance des citoyens. Une réforme profonde de la gouvernance, couplée à un renforcement de la transparence et de l’efficacité publique, est plus que jamais nécessaire. C’est en s’attaquant à ces blocages systémiques que le Gabon pourra engager sa véritable transformation et bâtir une prospérité partagée, ancrée dans la justice sociale et la durabilité.
C’est le diagnostic froid et sans concession fait par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema avant toute décision de s’engager politiquement comme le pressaient ses compatriotes. Ce constat conduira donc la stratégie politique du chef de l’Etat après son élection le 12 avril prochain. Car, le 30 août 2023, c’est un pays au bord du gouffre dont les militaires ont hérité. Au cours de ces 18 derniers mois, le Comité de Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) s’est employé à redresser la barque et à redonner espoir aux populations.