Alors que le Gabon entre dans une nouvelle phase de son histoire politique, certains acteurs tentent d’installer une polémique autour de la durée de vie des institutions issues de la Transition. Au cœur de cette agitation, une lecture biaisée de l’article 171 de la nouvelle Constitution, qui prévoit explicitement que ces organes — Parlement, délégations spéciales, Conseil économique, social et environnemental — poursuivent leur mission après l’investiture du Président élu, jusqu’à leur renouvellement par voie légale. Le débat est donc tranché par le texte lui-même.
Ceux qui réclament des élections immédiates feignent d’ignorer le contexte. Le pays sort d’un scrutin présidentiel d’ampleur inédite, tant sur le plan logistique que financier. Organiser dans la foulée des élections législatives et locales mettrait à rude épreuve un Trésor public déjà sollicité et une administration électorale encore en phase de redéploiement. Loin d’être un calcul politique, le report est une nécessité pratique, dictée par les réalités du terrain.
Mais au-delà de l’aspect budgétaire, c’est une refondation en profondeur du système politique qui est en jeu. Le Dialogue national a mis en lumière l’urgence de réformer le découpage électoral pour mieux refléter les équilibres démographiques. Il a aussi souligné l’impératif de repenser le cadre juridique des partis politiques. Des élections précipitées, dans un paysage institutionnel inchangé, risqueraient de reproduire les déséquilibres du passé.
Brice Clotaire Oligui Nguema, désormais Président élu, a lui-même anticipé ces préoccupations. Lors de sa campagne, il s’est engagé à suivre un chronogramme de réformes clair avant tout renouvellement institutionnel. Ce cap vise à garantir des scrutins à la fois crédibles, transparents et durables — un impératif pour restaurer la confiance dans le jeu démocratique.
Agiter la question du maintien temporaire des organes de la Transition relève donc d’un faux débat. Il ne s’agit ni d’une entorse à la démocratie, ni d’un prolongement arbitraire, mais d’un choix lucide et encadré. La priorité, désormais, n’est pas à l’agitation politicienne, mais à l’accompagnement méthodique de la reconstruction institutionnelle du pays.