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dimanche, juin 1, 2025

Gabon – Fonds COVID-19 : Bientôt le grand déballage d’un système dévoyé ?

Au plus fort de la pandémie, le Gabon avait mobilisé 503 milliards de francs CFA pour répondre à l’urgence sanitaire. Trois ans plus tard, le pays découvre avec stupeur qu’une partie significative de ces fonds aurait été détournée, non pour sauver des vies, mais pour alimenter les privilèges d’un cercle restreint du pouvoir. Ce que révèlent les premières enquêtes officielles s’apparente à un détournement organisé, piloté depuis le sommet de l’ancien régime.

Aux commandes de ce dispositif, le Comité de pilotage Copil-Coronavirus, dirigé à l’époque par le ministre de la Santé, Guy Patrick Obiang Ndong. Autour de lui, des figures bien connues de l’exécutif déchu : Prisca Koho Nlend, Noureddin Bongo Valentin, entre autres. Sous leur responsabilité, les mécanismes de gestion des fonds publics auraient basculé dans l’opacité, contournant les règles, multipliant les anomalies comptables, au détriment de l’intérêt collectif.

Porté par la volonté des nouvelles autorités de transition, un chantier de transparence s’ouvre enfin. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema l’a clairement affirmé dès sa prise de fonctions : les détournements ne resteront plus impunis. La Cour des comptes, l’Inspection générale de l’État et la justice sont désormais mobilisées pour documenter les abus et établir les responsabilités, sans immunité pour les anciens dignitaires.

Des preuves matérielles s’accumulent : 2 600 documents ont été analysés par la société civile, révélant un système de gestion parallèle. Des marchés sans convention, des réquisitions comptables répétées pour éviter les contrôles, des factures doublées, des indemnités disproportionnées… Jusqu’à ces per diem de 350 000 FCFA attribués quotidiennement à un ministre, pendant que les hôpitaux manquaient du strict nécessaire pour soigner.

Mais l’affaire ne se limite pas à un excès de dépenses. Elle touche à l’intime. Des familles racontent comment des décès ont été attribués à la COVID-19 sans preuve ni test, dans ce qui semble avoir été une stratégie de manipulation des chiffres à des fins budgétaires. Une habitante de Port-Gentil se souvient : “Ils ont enterré mon frère en me disant que c’était la COVID. Aucun test. Juste un certificat signé à la hâte.”

Aujourd’hui, la justice avance. Des perquisitions ont permis de saisir plus d’un milliard de francs en espèces chez d’anciens hauts responsables. Des plaintes visent Ali Bongo Ondimba, Sylvia Bongo, Noureddin Bongo Valentin, entre autres. Ce dossier dépasse les tribunaux : il engage l’idée même de République. Restaurer la confiance, mettre fin à l’impunité, reconstruire un État digne de ses citoyens — c’est à cette tâche que s’attelle le nouveau pouvoir, encouragé par une opinion publique qui, elle non plus, n’a pas oublié.

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