À l’issue de la rentrée politique de l’Union nationale ce dimanche 27 novembre, force est de constater que Paulette Missambo n’est parvenue à rassembler une base solide, pour certains plusieurs de ces interventions auraient même contribué à agrandir la faille qui divise le partie d’oppositions.
Malgré les intentions louables de la présidente, l’Union Nationale reste fragile sur de nombreux points et l’absence des autres grandes figures de l’opposition souligne cela.
Si selon elle a insisté sur une prédiction récurrente de l’opposition « en 2023, le rejet de ce régime sera encore plus franc qu’en 2016 » c’est sa déclaration sur le Chef de l’Etat qui interroge sur la solidité de la stratégie qu’elle préconise.
Car si aujourd’hui elle déclare « Depuis le mois d’octobre 2018, une imposture, que nul ne conteste plus, s’est installée à la tête de l’État » (une stratégie elle aussi réchauffée à plusieurs reprises sans plus de succès) elle ne convainc personne comme montre la réaction d’un des responsables d’une organisation de la société civile invités « tout ça manquait de fond, de propositions. Si l’on veut avoir une chance de nous imposer, ce n’est pas en s’enferrant dans la critique. Il faut également que nous proposions un contre-projet aux Gabonais. Or, on attend toujours ».
Si la vision semble manquer de conviction, c’est avant tout le défaut de cohérence qui sape les efforts de la présidente de l’UN. En effet, comment appeler ses partisans à l’unité au sein de l’opposition d’un côté et reproché la démarche entreprise par d’autres membres. « On ne peut que nourrir quelques regrets […] la dynamique unitaire qui avait pourtant montré son efficacité en 2016 n’a pu être rééditée en 2018, le débat s’étant focalisé sur la pertinence de notre participation » attaque t-elle avant de rajouter « Nous devons nous garder de retomber dans les mêmes errements ». Des pics à peine déguisés contre Jean Ping leader de la CNR.
Une attitude qui renforce la division entre des profils majeurs comme ceux de Barro Chambrier et Nzouba-Ndama. Tandis que le premier avait été éconduit l’année dernière lorsque la nouvelle présidente de l’UN s’était bien gardé de répondre positivement à l’appel à la concertation en vue d’une démarche unitaire. Le second délaissé lors de ses ennuis judiciaires ne devrait pas opter pour un soutien à l’UN. Selon un député du parti de M. Nzouba-Ndama « les Démocrates » « Nous aurions pu espérer un soutien de leur part. Mais rien. Ils ont fait semblant, ils ont été largement hypocrites. En réalité, leurs responsables y ont vu une occasion d’écarter de la course au leadership de l’opposition en vue de la présidentielle de 2023 non pas un allié, mais un concurrent. C’est triste, mais c’est ainsi »
Pire l’UN ne semble pas pouvoir montrer l’exemple, car ce parti subi les conséquences des tensions entre les partisans de Paulette Missambo et ceux de Paul-Marie Gondjout, l’ex-vice-président du parti jouissant toujours d’une grande popularité. D’après un spécialiste de la question, professeur en science politique de l’UOB « Le parti aujourd’hui est profondément divisé, fracturé en deux » aussi selon lui « Pour l’UN, c’est une sacrée épine dans le pied et un paradoxe qui sera difficile à surmonter. Car, comment en effet prétendre faire l’unité de l’opposition, forcément autour de soi, quand on a pas été capable de maintenir l’unité dans son propre parti ? »
Consciente du caractère sensible de point, la présidente de l’UN a préféré l’ignorer tout simplement ce dimanche.
À l’approche de l’enrôlement des électeurs sur la liste électorale en vue des échéances prévues en 2023 cet état des lieux promet un avenir bien sombre pour l’opposition.