Comme le veut la tradition, ce 31 décembre 2022, le président de la République a prononcé son discours à la Nation. Un discours qui intervient à quelques mois des prochaines élections présidentielles dans notre pays. Celui-ci était particulièrement riche en enseignements et en promesses de lendemains meilleurs pour les gabonaises et les gabonais. Nous publions, ici, in extenso, le discours du président Ali Bongo Ondimba.
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Gabonaises, Gabonais,
Mes chers compatriotes,
S’il est un moment dans l’année que j’affectionne, c’est celui-ci.
Chaque 31 décembre m’offre l’opportunité de m’inviter chez vous ; de vous retrouver ; de vous parler à cœur ouvert.
En ce jour très spécial, j’ai une pensée émue pour celles et ceux qui souffrent. En particulier les enfants, les femmes victimes de violences, les personnes âgées et isolées, ou encore celles et ceux qui sont atteints par la maladie.
J’ai aussi une pensée toute particulière, pour ceux qui nous ont quittés cette année et qui resteront gravés dans notre mémoire. Ce soir, c’est à vos côtés que je me tiens.
Mes chers compatriotes,
Ce dernier jour de l’année est l’occasion de dresser le bilan de ce qui a été accompli, tout en mettant le cap sur l’année à venir.
En 2022, le Gabon s’est redressé. Après deux années terribles, marquées par la pandémie de Covid-19, notre pays s’est redressé et a repris sa marche en avant.
Sur le plan économique, après la levée de toutes les contraintes liées à la pandémie, l’activité économique a redémarré. Les investisseurs ont fait leur retour. La croissance du Gabon a doublé pour se situer aux alentours de 3 %, contre 1.5% en 2021.
Sur le plan social, pour contrer l’inflation et protéger en particulier les plus défavorisés, nous avons multiplié les efforts.
Le prix de certaines denrées de première nécessité a été bloqué.
D’autres produits, indispensables eux aussi à la vie quotidienne, ont été subventionnés. Et pour d’autres, l’Etat s’est privé d’une trentaine de milliards de recettes et douanières afin d’en contrôler le prix.
Dans cette même logique, j’ai maintenu la gratuité des transports, dont le coût pour l’Etat est pratiquement de 13 milliards de francs CFA. Cette mesure, vous l’avez plébiscitée.
Ainsi, d’avril 2020 à novembre 2022, en moyenne 30.000 personnes chaque jour, parmi lesquelles nos élèves, ont été transportées gratuitement. Tous ces efforts, si colossaux soientils, s’imposaient Au nom de la solidarité nationale pour préserver votre pouvoir d’achat et faciliter votre quotidien.
Toujours sur le plan social, 2022 a été marquée par la reprise en main de la Caisse nationale de sécurité sociale. Afin de pérenniser cette institution, garantir le paiement à bonne date, sans retard, des pensions à nos aînés, j’ai ordonné que la CNSS, soit profondément réformée pour être un symbole fort de cohésion sociale.
Aussi, un nouveau modèle de gestion paritaire intégrant l’Etat, les employés et le patronat va-t-il voir le jour. Il a vocation à être étendu à d’autres entités comme la CNAMGS ou les hôpitaux. En matière de protection et de promotion des femmes, nos succès sont évidents. Patents.
Des lois importantes ont été votées. Et au niveau politique, des femmes ont accédé aux plus hautes fonctions. Elles sont aujourd’hui, un modèle, une source d’inspiration, pour toutes nos filles au Gabon.
Sur le plan territorial, des grands travaux ont été initiés, telle la Transgabonaise qui sera l’une des plus longues routes terrestres d’Afrique. Son impact positif, se fait déjà sentir en bien des endroits.
Au niveau international, en cette année 2022, la position du Gabon s’est encore renforcée. Dans la lutte contre le réchauffement climatique, grâce à notre action de protection en faveur de la forêt, le Gabon est considéré comme un pays leader.
La COP 27 qui s’est tenue en novembre en Egypte, l’a démontré, de même que le Sommet Union Européenne – Afrique en février ou le Sommet Etats-Unis – Afrique en ce mois de décembre. Toujours sur le plan international, 2022 a été marquée par deux événements historiques.
En juin dernier, notre pays a rejoint la grande famille anglophone du Commonwealth. D’immenses opportunités s’offriront bientôt à nous, mais surtout à nos enfants et nos petits-enfants. Et, en octobre, pour la troisième fois de son Histoire, le Gabon a présidé avec succès le prestigieux Conseil de sécurité des Nations Unies.
Démontrant à nouveau, au plus haut-niveau, qu’il est un partenaire fiable, capable et responsable.
Gabonaises, Gabonais,
Mes chers compatriotes,
Si je prends soin d’évoquer toutes ces avancées, toutes ces réussites, ce n’est pas pour m’en glorifier ou pour m’en satisfaire.
Bien au contraire.
Je souhaite aller plus loin, beaucoup plus loin.
Pour atteindre cet objectif, il est important de considérer, sans détour ni complaisance mais en toute objectivité, les œuvres réalisées et les acquis. Il est important de rappeler la réalité. Une réalité incontestable. Pour mieux avancer. Si en 2022 le Gabon s’est redressé, il consolidera sa transformation en 2023.
En intensifiant les réformes qui ont été menées et qui ont porté leurs fruits. En mettant en œuvre de nouvelles mesures plus ambitieuses, avec un plus fort impact sur la vie de nos communautés. En matière d’éducation, en une trentaine de mois, le nombre de classes a considérablement augmenté.
Pour la prochaine rentrée académique, plus de 23.000 nouvelles places seront créées dans les établissements primaires. Et de nouveaux établissements d’enseignement supérieur ouvriront leurs portes : les écoles provinciales de formation et d’actions sanitaires et sociales de Mouila et Makokou ; l’Université des sciences et techniques de la santé d’Okala ; l’Université des sciences de l’éducation du Cap Estérias ; ou encore l’Université de Port-Gentil.
A la fin du premier trimestre 2023, une bibliothèque en ligne, riche de plus de 80.000 ouvrages verra le jour. Elle sera accessible à tous les étudiants et enseignants des universités publiques du Gabon.
La fourniture en eau et en électricité, importante pour la qualité de vie au quotidien, s’est, elle aussi, améliorée durant ces dernières années mais notre effort sur ce plan va être intensifié. En matière de santé, nous continuerons, comme nous l’avons fait, à construire ou réhabiliter des centres de santé.
A améliorer la fourniture de médicaments. La lutte contre la corruption, celle d’en haut comme celle d’en bas, que nous menons avec succès depuis plusieurs années, sera intensifiée.
En effet, depuis 2019, celle-ci a permis à l’Etat gabonais de préserver plus de 1.000 milliards de FCFA avec un impact direct sur l’amélioration du quotidien des familles.
En matière sociale, en plus des 1.000 nouveaux retraités déjà intégrés en novembre dernier dans nos fichiers, 5.000 supplémentaires le seront en 2023. Les arriérés de pensions de retraite seront intégralement réglés dès ce mois de janvier.
De même, au cours du 1er semestre 2023, ceux des prestations familiales parmi lesquels les indemnités journalières de maternité qui se chiffrent à 2 milliards FCFA.
En matière d’environnement, les choses aussi vont évoluer. Notre pays captera d’importants financements grâce à la certification de ses crédits-carbone, le nouvel or vert.
Aussi, à partir de 2023, un pourcentage du montant de la vente des crédits-carbone, l’argent que nous percevons en contrepartie de la protection de la forêt, sera affecté directement à la lutte contre le conflit Homme-Faune. Cet argent servira notamment à approvisionner le fonds de compensation des victimes des éléphants.
Dans les mois prochains, 1.500 compatriotes bénéficieront des premières indemnisations. Toujours afin d’aider ces communautés villageoises, après les 55.000 hectares de terre qui leur ont été octroyés en 2022 pour qu’elles tirent profit de la forêt, 350.000 hectares supplémentaires leur seront réservés et distribués sous forme de forêts communautaires. En matière de développement économique, la Zone économique spéciale de Nkok est un succès.
Elle a permis de créer près de 10.000 emplois, des centaines d’entreprises et d’attirer 1 235 milliards de francs CFA d’investissements directs étrangers. Ce succès, nous allons l’étendre dans d’autres provinces du Gabon.
Deux autres zones du même type seront bientôt opérationnelles :
à Ikolo dans le Moyen-Ogooué et à Mpassa-Lebombi dans le Haut-Ogooué. S’y s’ajouteront cinq Zones agricoles à forte productivité, les ZAP.
Chaque fois, localement, ce sont des milliers d’emplois qui seront créés. En matière d’infrastructures un programme d’une ampleur inédite est en cours.
Des kilomètres supplémentaires de routes seront construits. Notamment des routes départementales, qui permettront de désenclaver l’intérieur du Gabon.
Les aéroports provinciaux, comme celui d’Oyem, vont rouvrir progressivement. Le projet de Belinga illustre la priorité donnée au développement local. Encore en phase de démarrage, ce projet industriel génère déjà près d’une centaine d’emplois directs.
Il créera 800 emplois supplémentaires d’ici le troisième trimestre 2023, auxquels viendront s’ajouter presqu’autant d’emplois indirects. Tous ces projets participent d’une même et grande politique: le « Gabon des territoires ».
Dans le cadre de cette politique, ce sont les populations qui, localement, définissent leurs besoins, leurs priorités.
Pour l’incarner, j’ai décidé, dans un premier temps, d’allouer chaque année une enveloppe de 2 milliards de francs CFA à chacune des 9 provinces.
Ces fonds serviront à financer des projets décidés localement qu’il s’agisse d’infrastructures, d’agriculture, de formation, de santé ou autres.
Ils seront gérés par les gouverneurs de province via des Conseils provinciaux, dont les membres sont les Conseillers locaux. Cette initiative a vocation, dans le temps, à être renforcée. Car tout ne peut et ne doit être décidé, ni géré depuis Libreville. Une bonne décision est une décision prise sur le terrain. C’est pourquoi je fais confiance aux acteurs locaux.
Gabonaises, Gabonais,
Je n’ignore naturellement rien des importantes échéances électorales qui nous attendent dans quelques mois. L’Etat prend toutes les dispositions afin d’assurer leur meilleure organisation.
J’ai entendu l’appel de mes compatriotes, notamment des acteurs politiques de la majorité et de l’opposition, demandant l’organisation d’une rencontre pour définir ensemble les bases de la préparation des scrutins au lendemain apaisé.
En tant que garant de la stabilité de notre pays, je peux vous assurer que cette rencontre aura lieu dans les meilleurs délais. Mais 2023 ne doit pas être une année tronquée, escamotée.
Elle doit être en matière d’action publique, une année pleinement utile. Et elle le sera.
Comme vous pouvez le constater, ce n’est pas sur le frein, mais sur l’accélérateur que j’ai demandé au Gouvernement d’appuyer.
Mes chers compatriotes,
En 2022, le Gabon s’est redressé.
Il s’est relevé des conséquences de la pandémie de Covid-19. Grâce à notre sens de l’anticipation et à nos décisions mais aussi grâce à vos efforts et à votre adhésion. Il s’est transformé. Il a progressé, parfois de manière spectaculaire, dans bon nombre de domaines.
Nous ne devons pas minimiser les investissements multiformes que nous avons consentis, tous ensemble, ni le courage que nous avons tous manifesté par la prise de décisions audacieuses et leur application.
En refusant de voir ces réalités indéniables, en tentant d’accréditer l’idée qu’ils régleraient tous les problèmes en un coup de baguette magique, certains de nos concitoyens ont choisi la voie du populisme, le cancer de la démocratie.
En effet, à la différence du responsable politique qui cherche à faire, le populiste, lui, cherche à plaire. Son arme : le travestissement de la réalité, le mensonge.
Face à cette menace, qui ronge notre démocratie, et mine le débat public, je voudrais vous inviter à faire preuve de maturité et de responsabilité. A ne pas écouter ni les Cassandres qui vous disent que rien ne marche, ni les Charlatans qui vous disent qu’avec eux tout irait mieux.
Dans une démocratie, il est important que face à une majorité, il y ait une opposition. Encore faut-il que cette opposition fasse preuve de lucidité et d’objectivité. Ne l’oublions pas. Les graines que nous avons semées à partir de 2009 et jusqu’à récemment dans le cadre du P.A.T , n’ont pas fini de produire leurs effets.
L’industrie du bois, par exemple, s’est considérablement développée en une décennie. Au point qu’aujourd’hui, le Gabon en est un des leaders mondiaux. Cette dynamique ne doit pas être interrompue. Elle doit être poursuivie, prolongée, amplifiée.
Nous avons tout en main pour y parvenir. Mais je sais que, pour être efficace, une action doit s’inscrire dans la durée.
Gabonaises, Gabonais,
Cette dernière soirée de l’année 2022 est l’occasion de regarder vers l’avant, de nous tourner vers l’avenir. Vers 2023.
Soyons optimistes. Confiants. Restons combattifs.
Cette année encore, nous aurons probablement des épreuves à affronter mais nous les surmonterons. Ensemble. Tous ensemble. Comme nous l’avons toujours fait.
De tout mon cœur, je vous souhaite, mes très chers compatriotes, à chacune et à chacun, une bonne et heureuse année 2023.
Qu’elle vous apporte paix, bonheur, santé et prospérité, à vous et à vos familles.
Que Dieu vous bénisse, que Dieu bénisse le Gabon.
Je vous remercie. »