Dirigeants d’État et de gouvernements, chefs d’entreprise, financiers, experts en matière de climat… Tous se rassemblent les jeudi 22 et vendredi 23 juin à Paris, à l’initiative d’Emmanuel Macron, lors du « sommet pour un nouveau pacte financier mondial ». Ce mercredi 21 juin 2023, les présidents français et gabonais s’entretenaient à l’Elysée pour s’assurer qu’ils continuaient de parler de concert en matière environnementale.
Qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre, l’argent sera au cœur des discussions de ce sommet au Palais Brongniart, Place de la Bourse, à Paris. Les pays riches seront mis face à leurs engagements, qui devraient être tenus cette année après de nombreux retards, consistant à financer 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à faire face au réchauffement climatique.
« Désormais, la lutte contre la pauvreté, la décarbonation de notre économie et la préservation de la biodiversité sont étroitement liées », avait affirmé Emmanuel Macron fin avril 2023, en référence à ce sommet dont l’idée a germé lors de la COP27 à Charm-el-Cheikh, en Égypte, en novembre 2022.
Le sommet promet une forte présence à Paris, avec la participation d’une centaine de pays, dont une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernements. Parmi les participants annoncés sur le site du sommet, on compte le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, le Chancelier allemand Olaf Scholz, la Secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, accompagnée de l’envoyé spécial pour le climat, John Kerry, ainsi que la militante Greta Thunberg, présente en marge de l’événement.
La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, le président du Conseil européen, Charles Michel, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, et la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, figurent également parmi les personnalités annoncées.
« La présence du président gabonais revêt une grande importance »
Le nouveau président de la Banque mondiale, Ajay Banga, sera également présent à Paris, tout comme la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva. Très attendue en ce qui concerne la question de la dette, car étant un acteur majeur dans le prêt en Afrique, la Chine sera représentée par son Premier ministre, Li Qiang.
Des chefs d’État seront également présents : le Tunisien Kaïs Saïed, le Cubain Miguel Diaz-Canel, mais surtout le Gabonais Ali Bongo Ondimba. « La présence du président gabonais est très importante, car le Gabon est en première ligne dans la lutte contre le changement climatique. La forêt du Bassin Congo-Ogooué capture, au mètre carré, bien plus de CO2 que l’Amazonie. Or, cette forêt couvre 88 % du territoire gabonais. C’est entre autres pour cette raison que le Gabon, qui considère la protection de la forêt et de l’environnement en général comme une priorité absolue, est le pays le plus « carbone positif » au monde », explique un responsable d’une importante ONG internationale. « Il faut se rappeler que le premier grand sommet sur les forêts équatoriales, qui jouent un rôle décisif dans la lutte contre les changements climatiques, a été organisé à Libreville les 1er et 2 mars derniers », souligne-t-il.
Réformer rapidement l’architecture financière internationale !
L’objectif de ce sommet est de réformer rapidement l’architecture financière internationale, née des accords de Bretton Woods en 1944 avec la création du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. « Si nous commençons dans les années 2030, cela nous coûtera beaucoup plus cher et les enjeux seront vertigineux », déclare Sarah Jane Ahmed, conseillère d’un groupe de 58 pays très vulnérables appelé V20.
Les besoins sont énormes : un groupe d’experts indépendants sur le financement de la lutte contre le changement climatique, créé sous l’égide des Nations Unies, a estimé l’an dernier que les pays en développement, à l’exception de la Chine, devront dépenser plus de 2000 milliards de dollars par an d’ici 2030 pour le développement et pour faire face à la crise climatique et de la biodiversité. Pour l’instant, ces sommes sont loin d’être atteintes.
Une large gamme de sujets sera abordée au cours de ces deux jours, allant des réformes institutionnelles aux questions de taxation, de la restructuration de la dette des pays pauvres au rôle du secteur privé. Les discussions se prolongeront indirectement sur trois jours avec la réunion annuelle du Club de Paris, le mercredi 21, au ministère de l’Économie, qui abordera les questions d’endettement des pays pauvres.
L’Élysée souhaite donner un « élan politique » à l’idée d’une taxe internationale sur les émissions de carbone de l’industrie du transport maritime, à deux semaines d’une réunion cruciale de l’Organisation maritime internationale (OMI).
Le Gabon cherche à progresser dans le domaine des crédits carbone
D’autres sujets seront également abordés, tels que la suspension du paiement de la dette en cas de catastrophe naturelle, une proposition fortement soutenue par la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, ainsi qu’une éventuelle taxation internationale sur les transactions financières, qui a peu de chances de progresser.
Les banques multilatérales de développement, qui sont les principaux bailleurs de fonds des pays vulnérables, de l’Amérique latine à l’Afrique subsaharienne, seront également appelées à accroître leurs prêts, quelques mois après l’annonce de la mobilisation de 50 milliards de dollars sur dix ans par la Banque mondiale.
Quant au Gabon, il profitera de cet événement pour plaider en faveur d’une meilleure prise en compte des crédits carbone. Le pays en possède plus de 180 millions en réserve. Il espérait en vendre la moitié lors de la COP27 en novembre 2022, mais jusqu’à présent, ils n’ont toujours pas trouvé d’acheteurs…