Le paysage pétrolier gabonais vient de connaître un changement d’échelle. Le 29 juillet 2025, la Gabon Oil Company (GOC) a finalisé l’acquisition des actifs de la société britannique Tullow Oil pour 300 millions de dollars (environ 180 milliards de francs CFA). Cette transaction, annoncée dès le premier trimestre de l’année, marque une avancée notable dans la politique de souveraineté énergétique initiée par le président Brice Clotaire Oligui Nguema. Elle concrétise la volonté des autorités de renforcer la maîtrise nationale sur un secteur historiquement dominé par les majors étrangères.
Tullow Oil, confrontée à une dette estimée à 2,3 milliards de dollars à la fin 2023, poursuit une stratégie de recentrage de ses activités sur ses actifs les plus rentables, notamment au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Kenya. Le retrait du Gabon s’inscrit dans ce plan de désengagement progressif. Pour l’État gabonais, c’est l’opportunité d’augmenter son poids dans l’exploitation pétrolière, en plaçant la GOC au centre du dispositif national.
Les actifs repris comprennent plusieurs blocs offshore d’importance : Tchatamba, Simba et Walt Whitman. Ces permis seront désormais exploités conjointement avec Perenco, qui en devient l’opérateur technique. Ce partenariat doit garantir la continuité des activités tout en assurant un transfert de compétences à la partie gabonaise. La GOC renforce ainsi sa présence opérationnelle sur le terrain, tout en consolidant son rôle d’acteur pivot dans la chaîne de valeur pétrolière.
Derrière ce rachat, une orientation politique plus large se dessine. L’exécutif affiche clairement son ambition de « réappropriation économique », au cœur de la doctrine de la Cinquième République. Il s’agit de capter davantage de revenus localement, d’augmenter la contribution du secteur aux finances publiques et de jeter les bases d’un nouveau modèle économique moins dépendant des cycles de rente.
Le signal envoyé est clair : le Gabon entend jouer un rôle plus affirmé dans le concert énergétique africain. Ce repositionnement passe par une présence renforcée de l’État dans les secteurs stratégiques, et une volonté de mieux contrôler les leviers de développement. À travers cette opération, le pays ouvre un nouveau chapitre de sa trajectoire énergétique, en misant sur un pilotage national plus intégré et plus ambitieux.
