De toute évidence, le Congo Brazzaville a déjà jeté son dévolu sur celui qui, selon lui, parait le mieux à même d’incarner une alternative au pouvoir à Libreville. Exit le vieillard Jean Ping, place au président du RPM pour jouer les trouble-fêtes en 2023.
Si les déboires judiciaires de Guy Nzouba Ndama, le président du parti d’opposition Les Démocrates, l’ont quelques peu plongé dans l’expectative, ces dernières semaines, Denis Sassou Nguesso, principal bailleur de fonds de l’opposition gabonaise, s’est finalement résolu à jeter son dévolu sur Alexandre Barro Chambrier pour affronter Ali Bongo Ondimba et sa très puissante majorité.
Tout semble avoir basculé suite à l’interpellation de Guy Nzouba-Ndama le 17 septembre dernier revenu du Congo à la tête d’un convoi transportant 1,18 milliard de francs CFA en espèces. Une interpellation intervenue suite à un tuyau donné aux douaniers gabonais par une source sécuritaire congolaise très haut placée comme l’a révélé Africa Intelligence.
Hors de course désormais car sous le coup d’une procédure judiciaire devant la Cour criminelle spéciale de Libreville, l’ancien président de l’Assemblée nationale gabonaise se voit donc contraint de passer son tour pour 2023.
Alexandre Barro Chambrier, le candidat de l’opposition en 2023 ?
Nzouba-Ndama mis à part, restait encore le cas Jean Ping. L’ex-président de la Commission de l’UA qui, en 2016, a allégrement profité des financements du numéro un congolais. « Depuis plusieurs mois, des émissaires tentent de (le) convaincre qu’il doit se hisser en arbitre et apporter tout son poids politique à un autre candidat », rapporte une source bien introduite à Brazzaville.
A l’en croire, le leader de la CNR a « laissé passer sa chance » en 2016. « A 80 ans aujourd’hui, il doit transmettre le témoin », assure-t-elle. Et Brazzaville ne ménagerait pas ses efforts en ce sens. Toujours d’après cette source, c’est « sur l’insistance (du Congo-Brazzaville) que Ping a accepté de recevoir la semaine dernière à son domicile Barro Chambrier ». Des propos confirmés par une autre source, habituée elle aussi des séjours à Oyo, fief de la famille Sassou-Nguesso. « Alexandre (Barro Chambrier) a les faveurs de Brazzaville pour jouer en 2023 le rôle joué par Ping en 2016 », confirme-t-elle sans trop rentrer dans les précisions.
Dr Séraphin Akure-Davain potentiel trouble-fête ?
Nzouba-Ndama hors-course, Ping trop vieux, pour Alexandre Barro Chambrier se dresse quasiment un boulevard. Sauf que parmi Les Démocrates, il se trouver que la perspective d’une nouvelle mise en retrait au profit d’un candidat d’une autre formation, passe mal. « Nous sommes, avec une dizaine de députés, de loin le parti d’opposition le plus représenté à l’Assemblée nationale. Si quelqu’un doit se mettre en retrait au profit d’un autre, ce n’est pas à nous de le faire », tempête un député LD.
Aujourd’hui, en cas d’empêchement de Guy Nzouba-Ndama, il faudrait privilégier une candidature alternative en interne. En particulier celle du député du deuxième arrondissement de la commune de Lambaréné et président du groupe parlementaire Les Démocrates à l’Assemblée nationale, le docteur Séraphin Akure-Davain. « Je lui ai dit personnellement, les yeux dans les yeux. Si Guy ne peut pas y aller, il doit prendre ses responsabilités. En 2016, on s’était déjà désistés. Ça suffit. On ne va pas à chaque fois laisser passer notre tour », lache-t-il, très remonté.
Visiblement, la marche d’Alexandre Barro Chambrier vers cette présidentielle de 2023 aura été parsemée d’embûches.