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mardi, septembre 16, 2025

Coopération Gabon-Côte d’Ivoire : Quand la prévoyance sociale devient levier de stabilité

Le Gabon est confronté depuis plusieurs années à un déséquilibre financier problématique de sa Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), particulièrement dans la branche vieillesse, où les dépenses des pensions dépassent largement les recettes. Afin de renforcer le cadre institutionnel, le pays a réformé sa Direction générale de la protection sociale pour la transformer en Direction générale de la prévoyance sociale. Le décret adopté en juin 2024 redéfinit désormais ses missions, notamment la cohérence du système de prévoyance, la mutualisation des systèmes d’information, et l’équilibre financier des régimes. Ces mesures témoignent d’une volonté gouvernementale claire de redresser un système jugé sous pression.

En Côte d’Ivoire, la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) a maintenu une notation “AAA” de l’agence Bloomfield Investment, signe d’une confiance élevée des marchés et d’une santé financière solide. En 2024, elle a enregistré un excédent significatif—225 milliards de FCFA—confirmant que ses politiques de gestion, de recouvrement des cotisations, et d’investissements sont efficaces. Ces résultats font de la CNPS un exemple dans la sous-région pour ce qui est de transparence et de capacité à honorer ses engagements vis-à-vis des assurés.

Lors de sa visite à Libreville, le directeur général de la Caisse des pensions de Côte d’Ivoire, Denis Charles Kouassi, a proposé un partage des bonnes pratiques, afin que le Gabon puisse tirer profit du modèle ivoirien. Selon ses déclarations, l’Ivoirien souhaite transmettre son expertise en matière d’investissement des réserves, de gouvernance, et de gestion comptable. (Le modèle ivoirien est excédentaire depuis douze ans selon les propos relatés, bien que je n’aie pas trouvé dans les sources indépendantes une confirmation textuelle exacte de ce nombre d’années de manière continue.) Ces échanges visent à aider Libreville à renforcer la durabilité de sa prévoyance sociale.

Fruit d’audits récents, la mission conjointe CNSS-CIPRES a recensé plus de 80 recommandations pour remettre à flot le système gabonais. Parmi les pistes figurent l’ajustement des taux de cotisation, la révision de l’âge légal de départ à la retraite, et une meilleure définition du taux d’annuité (ce qui influe sur le montant des pensions). Par ailleurs, le Gabon doit améliorer le recouvrement des cotisations, lutter contre les gaspillages ou inefficacités, et garantir que les réserves soient investies dans des actifs sûrs et rentables — là aussi, des caractéristiques que les Ivoiriens revendiquent.

S’inspirer de la Côte d’Ivoire ne signifie pas copier tel quel, mais adapter les meilleures pratiques au contexte local. Libreville devra tenir compte des réalités propres à son économie, à son système fiscal et à ses effectifs d’assurés. La réussite dépendra de la capacité des autorités à engager des réformes techniques (lois, décrets), mais aussi sociales : dialogue avec les partenaires sociaux, transparence, confiance des assurés. Si ces éléments s’alignent, le Gabon pourrait stabiliser durablement sa prévoyance sociale, réduire les déficits structurels, et améliorer les prestations pour ses citoyens.

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