Lancé ce 17 novembre 2022, le colloque axé sur la monnaie et le développement en Afrique centrale ambitionne notamment d’émettre à destination des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (comprenant le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la Centrafrique et le Tchad) des pistes de solutions sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération monétaire avec la France.
Prévu pour s’étaler sur 2 jours, il constitue une occasion pour les experts présents (les enseignants d’universités, des praticiens du monde économique et financier et la société civile) de « cibler de façon précise et réaliste les mécanismes opérationnels à mettre en place ou la mutation institutionnelle à opérer en vue de proposer un schéma approprié conduisant à l’évolution de la monnaie comme demandé par l’instance décisionnelle de la Cemac » comme le précise Nicole Jeanine Roboty Mbou, ministre gabonais de l’Économie.
Selon le président de la Commission Cemac, Daniel Ona Ondo, le processus aboutissant à l’évolution de la monnaie commune souhaité par les chefs d’État se rse résume à « l’évolution des principaux mécanismes actuels de la coopération monétaire avec la France à savoir : la garantie de convertibilité illimitée par la France de la monnaie émise par la Beac, le franc CFA, la fixité du taux de change, la liberté de transfert entre pays membres de la BEAC et la France et la centralisation des réserves auprès d’un compte d’opérations ouvert au Trésor français ».
Cette rencontre suit en droite ligne les jalons posés par la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État de la zone tenue le 22 novembre 2019 à Yaoundé. Au cours de laquelle, les chefs d’État avaient confié à la Commission Cemac et la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) la tâche de mener cette réflexion.
Ainsi d’après Dieudonné Mignamissi, agrégé des sciences économiques « On sort un peu perdant de cette coopération. Puisque quand on met les choses sur la balance, le côté rouge qui indique les pertes est dominant. On n’a pas vu les échanges s’intensifier, on n’a pas vu les investissements entre les pays s’intensifier, on n’a pas vu les institutions gagner en qualité. Donc, globalement, à part la stabilité macroéconomique, le tableau qui ressort de ce bilan est négatif »
Des propos confirmés par Célestin Tawamba, président du Gicam, principale organisation patronale du Cameroun « Nous souhaitons qu’au cours de ce colloque, les véritables problèmes que peut générer le FCFA en termes de frein au développement de l’économie puissent être soulevés et débattus. Parce que nous estimons qu’aujourd’hui, la structuration du FCFA, même si elle a un certain nombre d’avantages, affiche également beaucoup d’inconvénients. Et au-delà de ces inconvénients qu’on peut estimer liés à l’accord de coopération monétaire, il y a aussi et surtout, les problèmes liés à la gouvernance de cette monnaie ».
Des conclusions alarmistes qui présentent un bilan peu reluisant des 60 ans après les indépendances et incitent certains à opter pour une solution plus radicales pour en finir avec le FCFA et créer une monnaie propre aux pays de la zone Franc, capable d’appuyer et soutenir les efforts d’industrialisation malgré les doutes de Dieudonné Mignamissi « Sortir du franc CFA est une décision. Mais, est-ce que c’est possible ? Il faut étudier ensemble les stratégies de sortie puisqu’on est un ensemble de pays » . D’autres plus mesurer se tournent vers des n-ièmes réformes en profondeur des principaux mécanismes de fonctionnement de l’espace monétaire.
Le rapport prévu à l’issu de ces échanges devraient lui contenir l’ensemble des pistes de solutions envisagées et sera transmis au président de la Commission le remettra aux chefs d’État de la zone.