Le paysage politique gabonais vient de connaître un basculement stratégique. En ce lundi 5 mai 2025, le Secrétaire général de la Présidence, Pr Guy Rossatanga Rignault, a annoncé une nomination qui redistribue les cartes au sommet de l’État. Alexandre Barro Chambrier, jusqu’ici vice-Premier ministre, devient le tout premier Vice-Président du gouvernement, une fonction rendue possible par la nouvelle Constitution de novembre 2024, qui acte la suppression du poste de Premier ministre.
Ce choix n’est pas anodin. Il intervient dans une période charnière où le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, cherche à remodeler l’architecture du pouvoir exécutif tout en tendant la main à l’opposition. En installant à ce poste un ancien rival politique, le chef de l’État envoie un signal d’ouverture dont les répercussions pourraient se faire sentir bien au-delà des cercles institutionnels.
Alexandre Barro Chambrier n’est pas un novice. Né en 1958, ancien membre influent du Parti démocratique gabonais, il a siégé pendant dix ans à l’Assemblée nationale et représenté le pays au Parlement panafricain. En 2016, il rompt avec le pouvoir et fonde le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), imposant une voix dissonante au sein de l’opposition. Il revient par la grande porte en janvier 2024 en intégrant le gouvernement de transition de Raymond Ndong Sima.
Sa nomination consacre une trajectoire politique marquée par la résilience et la stratégie. De l’opposition frontale à la participation gouvernementale, Barro Chambrier incarne aujourd’hui une figure de consensus dans une phase de transition que le régime veut inclusive. Son profil de technocrate aguerri doublé d’un fin tacticien politique semble correspondre à la vision d’un exécutif renforcé mais moins vertical.
En faisant ce pari, Brice Oligui Nguema assume un recentrage du pouvoir qui pourrait apaiser certaines tensions tout en consolidant ses réformes. Reste à voir si cette nouvelle configuration réussira à maintenir l’équilibre fragile entre continuité institutionnelle et aspiration à un changement profond.