Pour Alexandre Awassi, député à l’Assemblée nationale de la Transition, le débat autour de la réforme des partis politiques au Gabon gagnerait à éviter les raccourcis idéologiques. Selon lui, il serait fallacieux d’imputer la fragilité de la scène politique nationale au simple nombre de formations en présence. « La pluralité des partis politiques n’est en rien ce qui constitue le mal de ce pays », martèle-t-il, dénonçant une analyse qui s’attaque à la forme plutôt qu’au fond.
L’élu ne mâche pas ses mots sur les insuffisances du personnel politique. À ses yeux, les errements du passé tiennent moins à la multiplication des partis qu’à l’incapacité de leurs dirigeants à faire preuve de vision et de constance. « Ce n’est pas faute d’avoir eu des élus ou des adhérents nombreux, dit-il, mais parce que trop souvent, on a préféré l’incohérence à la conviction ». Il met en garde contre les solutions de façade, estimant que les réformes cosmétiques ne corrigeront rien, et risquent même d’aggraver les dérives actuelles.
Alexandre Awassi rappelle avec insistance que le droit de s’associer est inscrit dans la Constitution et qu’il s’agit là d’un pilier fondamental de toute démocratie. Il réfute donc l’idée, qu’il juge simpliste, de calquer le modèle bipartite américain. « Ceux qui prônent cette solution oublient que même aux États-Unis, il existe de nombreux autres partis, certes moins visibles, mais bien réels », fait-il remarquer, appelant à ne pas confondre efficacité politique et restriction de la diversité.
Mais le fond de sa pensée est ailleurs. Pour l’Honorable Awassi, la véritable urgence réside dans la qualité des responsables politiques. Il juge stérile de brandir des chiffres – élus ou adhérents – comme gage d’efficacité. « Le vrai problème, ce sont les hommes de peu de valeur », tranche-t-il. Il regrette que les décisions du Dialogue national aient parfois été prises sous le coup de l’émotion collective, au détriment d’une réflexion rigoureuse sur les besoins structurels du pays.
S’il adhère à la volonté du Chef de l’État de réformer en profondeur les partis politiques, il insiste sur la nécessité d’en revoir le contenu plutôt que l’enveloppe. « Ce que nous devons reconstruire, ce sont des partis porteurs d’idées, pas de façades organisationnelles vides de sens », affirme-t-il. Et de conclure que la moralisation du personnel politique reste, selon lui, le chantier le plus urgent, bien plus que la réorganisation des structures elles-mêmes.