Le 9 juillet 2025, Brice Clotaire Oligui Nguema a été reçu à la Maison-Blanche par le président américain Donald Trump, signe visible d’un rééquilibrage diplomatique en cours. Cette première rencontre officielle entre les deux hommes a marqué une rupture assumée avec l’ancien paradigme de dépendance. En accueillant son homologue gabonais avec les honneurs réservés aux partenaires stratégiques, Trump a donné le ton : les échanges ont été francs, directs, et tournés vers des intérêts partagés. Au cœur des discussions, un objectif commun : bâtir un partenariat fondé sur la transparence, la souveraineté économique et l’efficacité concrète.
Cette visite s’inscrit dans une recomposition plus large des alliances africaines, dans laquelle Libreville entend choisir ses partenaires à l’aune de leurs apports réels à la transformation de son économie. Le Gabon de la Transition rompt avec l’approche purement symbolique des relations internationales. Oligui Nguema a clairement posé ses conditions : fin des logiques extractivistes, priorisation de la valeur ajoutée locale, exigence de stabilité et de respect mutuel. À ses côtés, Donald Trump a salué un interlocuteur « direct » et « lucide », dans un climat où les effets d’annonce laissent place à la recherche de résultats mesurables.
Plusieurs projets structurants ont été formalisés, à commencer par un accord avec Millenial Potash pour l’exploitation du gisement de Mayumba, évalué à 500 millions de dollars. Ce chantier illustre l’ambition du Gabon de devenir un acteur majeur de la chaîne de valeur des engrais. Autre avancée : la perspective d’une flotte de trois gros porteurs signés Boeing pour Fly Gabon, destinés à connecter Libreville à plusieurs capitales économiques. Le pays a également sollicité un financement stratégique de 2 à 3 milliards de dollars auprès de l’US DFC et d’EximBank pour des infrastructures prioritaires : routes, ports, barrages et lignes ferroviaires.
Au-delà des volets économiques, la dimension politique de la visite n’a pas été éludée. Oligui Nguema a mis en avant les réformes engagées pour restaurer l’État de droit et rompre avec les pratiques opaques du passé. Il a plaidé pour le retour du Peace Corps et renforcé les axes de coopération en matière de sécurité maritime, de lutte contre les trafics illicites et de stabilisation du Golfe de Guinée. Signe d’une nouvelle posture régionale, il a salué l’implication des États-Unis dans la médiation entre Kigali et Kinshasa, positionnant le Gabon comme un partenaire fiable dans la gestion des tensions africaines.
En se présentant non plus comme un demandeur d’aide, mais comme un acteur proposant une vision claire et assumée, Oligui Nguema redessine la place du Gabon dans le jeu international. Washington n’est qu’une première étape. Libreville entend désormais parler d’égal à égal avec les grandes capitales du monde. Le défi reste entier : transformer ces engagements diplomatiques en avancées concrètes pour les Gabonais, dans leurs villes, leurs villages, et leur quotidien. Car c’est bien là que se jouera, en fin de compte, la crédibilité du nouveau cap affiché.