L’arrestation de Guy Nzouba Ndama ce samedi 17 septembre 2022, n’en finit plus de défrayer la chronique. Pour rappel, l’ex-président de l’Assemblée nationale a été interpellé ce week-end par les douaniers à la frontière de Kabala dans le Haut-Ogooué au retour d’un séjour au Congo-Brazzaville. Dans son véhicule, les gendarmes auraient trouvé trois valises contenant 1,19 milliard FCFA en cash. Placé en garde à vue, immédiatement, cette figure incontournable de l’opposition gabonaise attend actuellement son transfert à la capitale pour la suite de l’enquête.Au minimum, selon une source proche du dossier, il risque « une mise en examen pour a minima blanchiment de capitaux semble actée », une amende record correspondant à 2 fois la somme saisie soit 2,38 milliards de francs CFA ainsi que la confiscation du véhicule utilisé. Des ennuis judiciaires qui achèveraient d’enterrer définitivement les chances de cet ancien cadre du PDG.
Si plusieurs pistes restent à explorer des questions majeures demeures.
À quelle utilisation étaient destinés ces fonds ? À qui profite le crime ? Qui a dénoncé Guy Nzouba Ndama ?
Pour la première, les enquêteurs (et une grande partie de m’opinion publique) optent pour le financement de son parti et de la pré-campagne électorale pour la présidentielle de 2023. Cette piste serait confortée par le fait que le « présumé coupable » lui-même a avoué (après plusieurs versions contradictoires) que ces fonds proviendraient d’un don du président du Congo, Denis Sassou-Nguesso. Un mécène bien connu de l’opposition gabonaise. Un aveu qui assombrit l’avenir du suspect, car la loi interdit toute intrusion étrangère dans ce domaine et explique l’intervention de la DGR dans cette affaire.
Le timing plus que suspect du déraillement du député Démocrates qui pourrait bien condamner son parti au banc de touche lors des scrutins à venir, force à s’interroger sur les origines de ce scandale.
Qui pourrait profiter de ce faux pas ? Si certains pointent du doigt le PDG, la logique veut que l’opposition gabonaise elle-même soit derrière tout ça.
« Cela peut paraître contre-intuitif, paradoxal même », commente professeur en science politique de l’UOB. « Mais, à l’analyse, pas tant que ça. L’objectif premier des différentes personnalités de l’opposition, que ce soit Jean Ping, Alexandre Barro Chambrier, Paulette Missambo, Paul-Marie Gondjout ou d’autres, c’est d’abord de s’imposer dans leur propre camp. Or, de ce point de vue, la mésaventure de Guy Nzouba-Ndama est pour eux une ‘bonne mauvaise nouvelle’ dans le sens où un de leurs concurrents est sorti du jeu. »
Alors qui a informé les autorités ? Qui a tendu cette embuscade ?
Selon l’un des cadres du parti des Démocrates « Quelqu’un a vendu la mèche. Et ce quelqu’un est probablement l’un des notre [..] Par là, je ne sous-entends pas qu’il s’agit de quelqu’un au sein des Démocrates, mais de quelqu’un dans l’opposition », Ce dernier aurait une « intime conviction » qu’il souhaite pour le moment garder pour lui.
Toutefois, comme le rappel un politologue de l’UOB, la logique mathématique la plus élémentaire pourrait expliquer toute cette affaire « Depuis plus de 15 ans, la capitale du Congo est la source principale de financement de ses activités. S’il y a moins de personnes à venir tendre la sébile, cela fait mathématiquement plus d’argent pour les autres. C’est aussi simple que cela. »