Un nouvel accord signé entre l’État gabonais et la société japonaise Asia Minerals Limited (AML / AML Holdings LLC) marque une avancée significative dans la stratégie nationale de transformation locale des minerais. Le 12 septembre 2025, AML s’engage à produire localement 400 000 tonnes d’alliages de manganèse à partir du 1er janvier 2029, dans le cadre d’un accord-cadre supervisé par la Commission interministérielle de suivi des projets intégrés de transformation locale des minerais.
Cet engagement s’inscrit dans une réforme plus large décidée par le gouvernement lors du Conseil des ministres du 30 mai et consolidée le 8 septembre 2025 : l’interdiction à compter de 2029 de l’exportation du manganèse brut. Pour accompagner ce virage, une période transitoire (2025-2028) est ouverte pour permettre aux opérateurs de moderniser ou créer des installations locales de traitement et de soumettre des plans concrets de transformation industrielle.
La Commission interministérielle nouvellement créée est placée sous l’autorité du vice-président du gouvernement, avec un secrétariat technique assuré par le ministère des Mines et des Ressources Géologiques. Elle a pour mission de piloter les projets stratégiques du secteur minier, de la valorisation locale des ressources naturelles et de garantir la conformité aux normes économiques et environnementales. AML apporte non seulement des compétences techniques, mais aussi un standard industriel international. Le partenariat prévoit un transfert de savoir-faire et de technologies vers les acteurs locaux, avec des retombées attendues en termes d’emplois qualifiés.
Les enjeux économiques sont considérables. En transformant localement le manganèse, le Gabon vise à multiplier la valeur de ses exportations : selon des chiffres rendus publics, une tonne de minerai brut se vend actuellement autour de 4,45 USD alors que le produit transformé comme le silico-manganèse peut atteindre 996 USD, soit une différence de plusieurs centaines de milliers de FCFA par tonne. Avec une production nationale de manganèse brut estimée entre 7 et 8 millions de tonnes par an, le potentiel de recettes pourrait atteindre 2 000 à 3 000 milliards de FCFA si la transformation locale était maximisée.
Toutefois, des défis restent à relever : garantir les infrastructures énergétiques nécessaires (le secteur minier imposant des besoins très élevés en électricité), assurer la formation de la main-d’œuvre, la construction ou la modernisation d’unités industrielles et la sécurisation des investissements dans un cadre réglementaire stable. Certaines sociétés comme Comilog ont déjà amorcé des projets de transformation locale, offrant ainsi des pistes concrètes pour inspirer d’autres acteurs du secteur.
