Le 25 juillet 2025, Libreville a vécu un moment inédit : l’atterrissage du tout premier Airbus A320 de Fly Gabon, sous les yeux du président Brice Clotaire Oligui Nguema. L’événement, organisé au Groupement Aérien Présidentiel, marque un retour symbolique du Gabon dans le paysage de l’aviation commerciale continentale. Drapé des couleurs nationales, l’appareil flambant neuf a été accueilli avec les honneurs militaires, scellant la première intégration d’un avion de cette envergure dans une flotte gabonaise depuis 2006.

Créée en août 2024 à l’issue d’un partenariat public-privé, la compagnie Fly Gabon ambitionne de rétablir un pavillon national disparu depuis des années. Le choix de l’A320 – un appareil de 136 places, avec 16 sièges en classe Affaires – marque un virage stratégique : il ouvre à nouveau les liaisons régionales sans dépendance exclusive aux compagnies étrangères, qui dominaient jusque-là l’espace aérien gabonais. L’appareil vient compléter une flotte composée de cinq ATR 72-600 et d’un CRJ 900.
Cette montée en puissance repose sur un montage capitalistique inédit. Depuis mars 2024, l’État gabonais détient 56 % d’Afrijet, opérateur aérien historique et désormais pilier de Fly Gabon. Cette alliance permet de mutualiser les ressources publiques et privées pour moderniser la flotte, optimiser les coûts d’exploitation et garantir une sécurité conforme aux standards internationaux. Une stratégie inspirée de modèles africains hybrides, comme ceux de RwandAir ou Air Côte d’Ivoire.

La feuille de route est déjà définie : Cotonou, Douala, Brazzaville et Yaoundé seront les premières destinations régionales desservies dès le lancement opérationnel de l’A320. D’autres villes africaines, comme Johannesburg, sont envisagées pour 2026. Ces choix illustrent une volonté assumée de renforcer l’intégration régionale tout en positionnant le Gabon comme un nœud de circulation aérienne entre l’Afrique centrale et l’Afrique australe.
En relançant un pavillon national avec un appareil de référence et une stratégie de réseau ambitieux, Libreville entend non seulement réaffirmer sa souveraineté aérienne, mais aussi repositionner le pays dans le jeu économique sous-régional. Dans un contexte où la connectivité reste l’un des principaux freins au commerce intra-africain, le projet Fly Gabon prend des allures de levier diplomatique et logistique.