Un reportage diffusé le 24 juillet 2025 sur Gabon 1ère a mis au jour un scandale d’État : un vaste réseau de faussaires a été démantelé par les services spéciaux. Le plus sidérant dans cette affaire reste la localisation de son centre de commandement : la prison centrale de Libreville. Derrière les barreaux, un détenu orchestrait depuis des années une production massive de documents officiels falsifiés.
Attestations de réussite au BEPC et au BAC, certificats de nationalité, actes de naissance, certificats médicaux français, et même des passeports : la liste des documents contrefaits donne la mesure de l’ampleur du trafic. Chaque pièce se monnayait entre 50 000 et 500 000 FCFA, selon les besoins du client et le niveau de complexité. Des années durant, ce commerce souterrain a prospéré dans l’ombre, générant des revenus importants pour ses acteurs.
Mais ce qui rend l’affaire plus troublante encore, c’est l’implication directe de certains agents de la Direction Générale de la Documentation et de l’Immigration (DGDI), censée justement protéger l’intégrité de ces documents. L’enquête a mis en évidence une infiltration profonde de ce réseau au sein de l’administration, notamment à travers le CEDOC, structure rattachée à la DGDI et chargée de la délivrance des passeports.
Un témoignage relayé dans le reportage en dit long : « J’ai fait établir mon passeport au CEDOC. La dame m’a demandé 500 000 FCFA. J’ai suivi la procédure normale », affirme un des faussaires arrêtés. Ce récit expose une réalité dérangeante : la procédure “normale” est devenue, pour certains usagers, synonyme de corruption intégrée et de pratiques illicites tolérées.
Alors que l’affaire continue de secouer l’opinion publique, les regards se tournent désormais vers les autorités pour qu’elles apportent des réponses fermes. Car au-delà de la fraude, c’est la confiance dans l’État, dans la valeur des documents gabonais, et dans le sérieux de ses institutions, qui est aujourd’hui mise à l’épreuve.