La visite de la ministre centrafricaine des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Temon, à Libreville le 22 juillet 2025, marque un tournant discret mais significatif dans les relations entre la République centrafricaine (RCA) et le Gabon. Accueillie par le vice-président gabonais, le Dr Séraphin Moudounga, l’émissaire du président Touadéra n’a pas livré de déclaration publique détaillant l’objet de l’entretien. Cependant, des sources diplomatiques évoquent une volonté partagée de revitaliser les liens bilatéraux, dans un climat apaisé depuis la mise en place de la transition politique au Gabon.
Les signes d’un rapprochement ne datent pas d’hier. Dès janvier 2024, un accord technique avait été signé entre les agences de l’aviation civile des deux pays, avec pour ambition de renforcer la sécurité et la durabilité du transport aérien. Ce partenariat s’est consolidé un an plus tard par l’adoption d’un accord révisé sur les services aériens, remplaçant le cadre vieux de près de cinquante ans. Ces textes préparent la mise en place de liaisons aériennes régulières entre Bangui et Libreville, ouvrant la voie à des échanges économiques plus fluides.
Sur le plan sécuritaire, la coopération entre les deux États s’intensifie également. En juillet 2023, un protocole d’accord signé à Libreville a renforcé la coordination militaire, en mettant l’accent sur la formation, les soins de santé militaires et la promotion du rôle des femmes dans la stabilité régionale. La présence continue de troupes gabonaises au sein de la MINUSCA en Centrafrique reste un signal fort de cette solidarité sécuritaire, dans une région encore fragile.
Le soutien exprimé par Bangui à la transition en cours à Libreville constitue un autre indice d’un rapprochement stratégique. Le président Faustin-Archange Touadéra a publiquement salué les efforts de stabilisation du Gabon, ouvrant ainsi la voie à une coopération élargie. Des analystes régionaux entrevoient déjà de futures ententes dans les domaines de l’éducation, des infrastructures et de la gestion des ressources, portées par une dynamique politique plus lisible.
Cette reprise des échanges diplomatiques s’inscrit dans un contexte plus large de solidarité entre pays africains partageant des défis communs. Portés par une proximité géographique et des trajectoires politiques entrecroisées, Libreville et Bangui semblent prêts à inscrire leur coopération dans une logique pragmatique et mutuellement bénéfique. Si les annonces officielles tardent, les signaux envoyés de part et d’autre traduisent une volonté assumée de bâtir un partenariat stratégique à long terme.