Le Gabon de Brice Clotaire Oligui Nguema change de paradigme : les ressources naturelles du pays ne seront plus extraites sans contrepartie significative pour la population. Le récent revirement d’Eramet en témoigne. Après avoir tenté de s’opposer à une réforme jugée “irréaliste”, l’industriel français a fini par s’aligner sur les exigences du chef de l’État gabonais. Une manière pour ce dernier de reprendre le contrôle sur les intérêts stratégiques du pays.
Le 30 mai 2025, en Conseil des ministres, le gouvernement gabonais a tranché : à partir de janvier 2029, l’exportation du manganèse brut sera interdite. Ce choix marque un jalon dans la volonté de transformation locale et de montée en gamme de l’économie. Mais cette annonce a suscité une réaction vive de Christel Bories, alors PDG d’Eramet, qui a dénoncé une décision impraticable. Une sortie qui a rapidement été contrecarrée par une offensive argumentaire orchestrée par d’anciens cadres gabonais de la filiale Comilog.
Marcel Abeke et Gilles Nembe, figures de l’industrie minière gabonaise, sont montés au créneau pour rappeler que cette orientation stratégique n’est pas nouvelle. Depuis le début des années 2000, plusieurs signaux — création de l’École des mines de Moanda, projet de barrage à Booué, évolutions contractuelles, exigences en matière de RSE — traduisaient déjà cette ambition d’industrialisation. La vision présidentielle s’inscrit donc dans une trajectoire cohérente, loin d’un coup de tête conjoncturel.
Ce message a également été porté sur la scène internationale. Lors de son passage à Washington, dans un sommet aux côtés de Donald Trump, le président Oligui Nguema a réaffirmé la souveraineté économique du Gabon, tout en lançant un appel clair aux investisseurs américains : le pays est ouvert, mais les opportunités ne les attendront pas éternellement. Ce discours assumé semble avoir produit ses effets.
À peine rentré au pays, le chef de l’État a reçu à Oyem, le 17 juillet 2025, le nouveau Directeur général d’Eramet, Paulo Castellari. Ce dernier s’est engagé à accompagner pleinement la vision d’industrialisation du Gabon. Au programme : transformation locale de 2 millions de tonnes de manganèse, création de plus de 16 000 emplois, gabonisation des postes-clés, transparence financière et construction d’infrastructures stratégiques. Une avancée saluée par le président sur sa page Facebook, où il promet de poursuivre ce combat pour faire du sous-sol gabonais une richesse partagée et maîtrisée.
