Le tournant était attendu, il est désormais acté. En recevant à Oyem les dirigeants du groupe Eramet, maison-mère de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), le président Brice Clotaire Oligui Nguema a obtenu des concessions inédites dans l’histoire de l’exploitation du manganèse au Gabon. Cette rencontre marque une étape décisive dans l’affirmation d’une souveraineté économique nationale, longtemps mise en veille par les logiques extractivistes.

Au terme de cette audience, Eramet s’est engagé à transformer localement, dès la première phase du projet, deux millions de tonnes de manganèse. Une promesse lourde de conséquences positives : la création annoncée de 16 000 emplois, directs et indirects. Cette avancée traduit le succès de la stratégie présidentielle, amorcée à Paris lors de la visite du chef de l’État au siège du groupe français, où il avait clairement exigé que le Gabon cesse de n’être qu’un réservoir de matières premières à bas coût.
Mais au-delà de l’industrialisation, c’est tout le modèle de gouvernance économique qui est en passe d’être redéfini. Comilog devra désormais installer sa comptabilité au Gabon, domicilier ses revenus sur place, et confier les rênes de ses filiales, Comilog et Setrag, à des cadres gabonais. Une réorganisation qui vise à enrayer l’évasion fiscale, tout en redonnant aux compétences nationales une place stratégique dans la chaîne de décision.

L’accord comprend aussi des engagements d’infrastructures et de redistribution : construction d’un nouveau siège social, mise en place d’une centrale électrique dédiée, et recentrage de la commercialisation du manganèse via le Gabon. Des signaux clairs qui traduisent la volonté présidentielle de faire du secteur minier un levier de développement durable, ancré dans les territoires.
Ce désaveu tacite envers certaines pratiques passées, incarnées notamment par l’ancienne direction d’Eramet Afrique, sonne comme un avertissement : l’ère de la complaisance est révolue. Le message du chef de l’État est limpide — les ressources du Gabon doivent désormais profiter pleinement aux Gabonais. Et avec cette victoire diplomatique et économique, Brice Clotaire Oligui Nguema pose une pierre de plus à l’édifice d’une souveraineté industrielle en construction.