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lundi, juillet 14, 2025

Décès à Londres de l’ancien président nigérian Muhammadu Buhari

Une page se tourne pour le Nigeria : l’ancien chef d’État Muhammadu Buhari est décédé dimanche 13 juillet 2025 à Londres, à l’âge de 82 ans, des suites d’une longue maladie. L’annonce, transmise par son ancien porte-parole Garba Shehu sur les réseaux sociaux, confirme que la famille a veillé jusqu’au dernier instant, dans une clinique londonienne où il s’était retiré pour des soins prolongés.

Né le 17 décembre 1942 à Daura, dans le nord du pays, Buhari s’est engagé dans l’armée dès l’âge de 19 ans. Formé au Royaume-Uni puis aux États-Unis, il a joué un rôle prépondérant dans les coups d’État des années 1970 et 1980. C’est en décembre 1983 qu’il renverse le président civil Shehu Shagari, instaurant une « guerre contre l’indiscipline » qui marque son passage : lutte sévère contre la corruption, mais aussi censure de la presse et répression des dissidents, dont le musicien Fela Kuti. Son régime prendra fin en août 1985, lorsque des officiers lui substituent le général Ibrahim Babangida, et il connaîtra ensuite près de trois années d’emprisonnement.

La vie politique de Buhari a toutefois basculé lorsqu’il se présente aux scrutins démocratiques ; après trois tentatives infructueuses (2003, 2007 et 2011), il remporte enfin l’élection présidentielle de 2015. Premier opposant à battre un président sortant dans l’histoire du Nigeria, il promet alors de résorber la corruption et d’endiguer Boko Haram. Si l’expansion du groupe djihadiste a été contenue, les violences se sont poursuivies par vagues successives, et le Nigeria a traversé plusieurs récessions liées à la chute des cours du pétrole et à la crise mondiale née de la pandémie de Covid-19.

Sur le plan intérieur, l’empreinte de Buhari reste contrastée. Son administration a renforcé le contrôle étatique et poursuivi des réformes anticorruption notables, sans toutefois répondre aux attentes d’une jeunesse en quête d’emplois et de perspectives durables. Critiques et partisans s’accordent sur son intégrité personnelle, pointant en revanche un manque de vision économique et un style de gouvernance jugé parfois trop autoritaire.

Dès l’annonce de son décès, le président Bola Tinubu a décrété un deuil national et ordonné le rapatriement de la dépouille à Daura, où les obsèques se dérouleront selon les vœux de la famille. À l’international, plusieurs chefs d’État africains ont salué la mémoire d’un homme d’État « intègre et patriote ». Si l’histoire se souviendra de son rôle dans la stabilisation du nord nigérian, elle retiendra également les réformes qu’il n’a pu mener à bien.

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