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samedi, juin 28, 2025

À Luanda, le président Oligui Nguema veut imposer un Gabon réinventé dans le dialogue économique avec Washington

Du 23 au 27 juin, le président Brice Clotaire Oligui Nguema participera au 17e Sommet des affaires États-Unis–Afrique à Luanda, dans une conjoncture où les nations africaines cherchent à redéfinir leur place dans les nouvelles chaînes de valeur mondiales. Pour le Gabon, ce rendez-vous est bien plus qu’une simple présence protocolaire : il marque une volonté assumée de repositionnement économique dans un espace stratégique longtemps sous-exploité.

Depuis le début de la Transition, le chef de l’État trace les contours d’un modèle fondé sur la rigueur, la diversification et la souveraineté économique. Sa participation à cet événement organisé par le Corporate Council on Africa s’inscrit dans cette dynamique. Entouré d’une délégation mêlant ministres et acteurs économiques, il entend mettre en lumière les réformes engagées à Libreville : assainissement des finances publiques, modernisation des filières agricoles, et ouverture à de nouveaux partenariats hors du giron traditionnel. L’objectif est clair : affirmer la crédibilité d’un pays qui a tourné une page, et qui veut désormais peser dans les choix d’investissement du continent.

Ce repositionnement s’articule autour de quatre secteurs considérés comme prioritaires par Libreville : l’agriculture mécanisée, les énergies renouvelables, le numérique porté par une jeunesse formée, et la transformation locale des matières premières. Autant de chantiers structurants pour lesquels le Gabon sollicite un appui ciblé des mécanismes américains tels que Prosper Africa ou la Development Finance Corporation. Loin d’un simple plaidoyer, c’est un plan de financement d’un modèle de croissance inclusif que le président veut défendre devant les bailleurs et investisseurs présents à Luanda.

Mais au-delà des discours et des panels, c’est une diplomatie économique proactive que le Gabon déploie. Des rencontres bilatérales avec de grandes firmes américaines sont prévues, notamment dans les domaines de la finance verte, des infrastructures ou de l’économie créative. L’occasion pour le pays de consolider son image de partenaire stable et attractif au cœur de l’Afrique centrale. Dans une région en quête de pôles économiques solides, Libreville ambitionne de jouer un rôle d’interface entre investisseurs internationaux et tissu entrepreneurial local.

Cette présence au sommet s’inscrit enfin dans une stratégie régionale plus large. Dans un contexte marqué par les célébrations du cinquantenaire de l’indépendance angolaise, la participation d’Oligui Nguema témoigne d’une volonté de renforcement des liens sous-régionaux, notamment sur les corridors logistiques et les projets transfrontaliers. En se positionnant à la croisée des aires francophone, anglophone et lusophone, le Gabon avance l’idée d’une diplomatie de convergence, capable de nouer des ponts aussi bien au Sud qu’au Nord.

À Luanda, le président gabonais ne vient pas seulement chercher des investissements. Il vient affirmer une vision. Celle d’un pays qui assume sa transition, maîtrise son récit et entend jouer un rôle structurant dans le futur économique du continent. Une ambition lucide, portée par une volonté ferme de tourner la page d’une dépendance ancienne et de construire une souveraineté moderne, résolument tournée vers l’action.

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