Un nouveau cap vient d’être franchi dans l’ambition de refonder la ville gabonaise. Le 11 juin 2025, la Banque mondiale a validé un financement de 150 millions de dollars – l’équivalent de 91,5 milliards de francs CFA – pour soutenir le Projet d’Aménagement et de Développement des Infrastructures du Gabon (PADIG). Ce programme marque une inflexion décisive dans la politique d’aménagement du territoire, en portant une vision assumée : faire de la ville un levier de développement inclusif, écologique et maîtrisé.
Pour la première fois, le cœur du dispositif s’éloigne des traditionnels pôles que sont Libreville et Port-Gentil. Oyem, Lambaréné, Koulamoutou, Franceville, Mouila, Lebamba ou encore Ndendé deviennent les nouveaux chantiers de l’égalité territoriale. Ces communes, longtemps reléguées dans l’ombre de la centralisation, vont bénéficier d’un effort coordonné d’équipements structurants : voiries rénovées, réseaux de drainage, éclairage public, infrastructures sociales de proximité et meilleure intégration des transports urbains. Le PADIG se veut à la fois un correcteur des déséquilibres historiques et un accélérateur d’adaptation face à la pression démographique.
Dans un contexte régional de plus en plus instable sur le plan climatique, le projet affiche une orientation claire : bâtir des villes capables d’absorber les chocs. Derrière les infrastructures, c’est une approche fondée sur la résilience urbaine qui se dessine, avec une attention particulière portée à la lutte contre les inondations et à la gestion durable des sols. Le gouvernement prévoit également un renforcement des compétences institutionnelles, pour que la planification urbaine cesse d’être un exercice théorique et devienne un outil opérationnel de transformation.
Ce financement s’inscrit dans le sillage du Plan national de développement 2024-2026, mais surtout dans la nouvelle méthode impulsée par le président Brice Clotaire Oligui Nguema depuis sa prise de fonction. Rompant avec les pratiques passées, la stratégie mise sur la planification rigoureuse, la transparence budgétaire et la mobilisation ciblée des partenaires internationaux. Loin d’un geste ponctuel, le PADIG témoigne d’une gouvernance recentrée sur l’efficacité, où chaque projet doit produire des effets visibles et mesurables pour les populations.
À l’international, ce soutien de la Banque mondiale envoie un message sans ambiguïté : le Gabon regagne sa crédibilité. À la suite de plusieurs signaux politiques forts – relance des services publics, mise en place de fonds stratégiques nationaux, rupture avec certains accords désavantageux – le pays réaffirme son autorité sur son propre développement. En investissant dans ses villes secondaires, il ne cherche pas seulement à réparer les retards, mais à projeter son avenir sur des bases plus justes et plus solides. C’est là que se joue une souveraineté concrète, ancrée dans le territoire, tournée vers les générations à venir.