Le lundi 16 juin, dans un élan qui dépasse le simple protocole, le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a effectué une visite inopinée à l’École Nationale des Enfants Déficients Auditifs (ENEDA), à Libreville. Ce déplacement, mené sans annonce préalable, marque une volonté affichée d’aller à la rencontre de ceux que la République a trop longtemps tenus à l’écart : les enfants sourds, porteurs d’un espoir de reconnaissance et d’inclusion.

Aux côtés de ses collaborateurs et du président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, le chef de l’État a sillonné les salles de classe, observant les pratiques pédagogiques spécifiques à cet établissement singulier. Dans un climat empreint de respect et d’émotion, il a dialogué avec les élèves grâce à l’appui d’interprètes en langue des signes. Les échanges ont mis à nu une réalité à la fois touchante et préoccupante : ces enfants aspirent à l’égalité, mais doivent composer avec des moyens limités et une société encore peu ouverte à leur différence.
La visite a révélé les manques criants dont souffre l’ENEDA : matériel pédagogique insuffisant, locaux vétustes, formation des enseignants en difficulté. Plus largement, c’est tout un pan du système éducatif spécialisé qui montre ses limites, incapable de garantir aux enfants sourds des perspectives claires vers l’emploi ou les études supérieures. Les témoignages des éducateurs et des parents d’élèves ont mis en lumière l’isolement structurel dans lequel se trouvent encore les jeunes en situation de handicap auditif.

Face à ce constat, le président de la République a promis des mesures immédiates. Il a souligné l’urgence de doter les structures spécialisées de moyens à la hauteur de leur mission, tout en repensant en profondeur le parcours éducatif et professionnel des enfants en situation de handicap. Son engagement vise à inscrire l’inclusion dans les actes, et non dans les intentions seules.
Au-delà du symbole, cette visite donne corps à une gouvernance qui se veut plus humaine, attentive aux marges et soucieuse de justice sociale. Pour les enfants de l’ENEDA, habitués à être regardés sans être entendus, c’est une étape inattendue vers la visibilité et la reconnaissance. Le message est clair : leur silence ne sera plus un oubli politique.