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lundi, juin 16, 2025

Déguerpissements à Libreville : le gouvernement brandit les preuves d’indemnisation

Face à la montée des contestations entourant les récentes opérations de déguerpissement menées derrière l’Assemblée nationale et à Plaine-Orety, le gouvernement gabonais a décidé de prendre la parole de manière offensive. Le ministre de l’Habitat, documents en main, a révélé lors d’un point presse organisé à la suite d’une réunion au Palais présidentiel, que des indemnisations avaient bel et bien été versées aux premiers occupants concernés. Une manière de remettre de l’ordre dans un débat envenimé par les doutes et les accusations de brutalité.

Les éléments présentés se veulent sans ambiguïté : procès-verbaux de remise de chèques, commandements de quitter les lieux dûment signés, et listes nominatives ont été exhibés pour étayer la version officielle. Le ministre a cité des cas précis, comme celui de Mme Delphine, indemnisée à hauteur de 18,2 millions de francs CFA, ou de M. Obiang Gilbert, ayant perçu 4,685 millions. Ces documents attesteraient, selon lui, du respect des procédures légales par l’État.

Mais ces indemnisations ne datent pas d’hier. Elles remontent à 2009, dans le cadre d’une opération encadrée par le cabinet maître Benga, avec des préavis qui s’étendaient jusqu’en 2010. C’est justement cette ancienneté qui alimente aujourd’hui une part du flou : pourquoi, malgré des compensations versées il y a plus de dix ans, les constructions se sont-elles maintenues ou même multipliées sur ces zones ? Le ministre pointe une forme d’amnésie collective, voire de manipulation. « Beaucoup font dans la mauvaise foi », a-t-il lancé, agacé par ce qu’il considère comme une instrumentalisation de l’émotion publique.

La communication gouvernementale intervient dans un climat social tendu, où les scènes de démolition ont profondément marqué l’opinion. En exposant ces preuves, l’exécutif cherche à redonner à l’État le rôle de garant du droit, tout en reprenant le contrôle d’un récit en partie échappé. Cette initiative vise autant à rétablir la chronologie qu’à désamorcer l’idée d’un déguerpissement sauvage.

Mais cette clarification pose en creux une autre interrogation : qu’a fait l’État depuis 2009 pour empêcher la reconstitution des occupations ? La publication des preuves marque une volonté de fermeté, mais elle rappelle aussi les fragilités d’une politique urbaine longtemps déconnectée du suivi de terrain. Pour retrouver la confiance, le gouvernement devra désormais conjuguer la rigueur administrative à une approche plus soutenue d’accompagnement humain.

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