Le 9 juin 2025, Libreville n’a pas assisté à un simple décollage, mais à un signal fort. Ce jour-là, 116 jeunes Gabonais, rigoureusement sélectionnés, se sont envolés pour Addis-Abeba. À bord de leur vol, plus qu’un billet pour l’Éthiopie : une promesse de formation d’excellence à l’Ethiopian Airlines Aviation Academy, vitrine de l’aéronautique en Afrique. Derrière ce départ, une ambition politique affirmée : faire émerger une nouvelle génération de professionnels dans un secteur stratégique, longtemps négligé, celui de l’aviation civile.
Ce choix ne relève pas du hasard. Dès son accession à la tête de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema a misé sur une approche directe et structurante. Son constat est sans détour : le Gabon s’est trop souvent appuyé sur des compétences extérieures, au détriment de la formation locale. En envoyant cette première cohorte composée de futurs pilotes, ingénieurs, contrôleurs aériens et logisticiens, le président entend combler un déficit technique qui freine l’indépendance et la souveraineté du pays. C’est une rupture nette avec les pratiques d’assistanat d’hier.
Ce programme est le fruit d’une diplomatie discrète mais efficace, pilotée notamment par l’Agence nationale de l’aviation civile, avec l’appui direct du Palais présidentiel. En nouant un partenariat avec une académie accréditée par l’OACI, le Gabon ne se contente pas d’exporter ses étudiants : il s’aligne sur les standards internationaux tout en renforçant les liens Sud-Sud. Cette orientation stratégique illustre une volonté d’autonomie assumée et d’intégration panafricaine concrète.
Au-delà des chiffres, c’est une philosophie de gouvernance qui se dessine. Les bénéficiaires n’ont pas été désignés mais mérités leur place. Aucun piston, aucune faveur. Une sélection fondée sur les compétences, la motivation et la rigueur. Sur le tarmac, l’émotion des familles contrastait avec la solennité du moment : pour beaucoup, ce départ représente une percée inédite, parfois même une revanche. Derrière les sourires et les larmes, c’est un récit national qui se réécrit, porté par des visages jeunes, déterminés, et désormais attendus au tournant.
En initiant ce type de formation, Oligui Nguema trace une ligne claire : les slogans ne remplacent pas les actes. Ce programme n’est pas un coup politique, c’est une pierre posée dans un édifice plus vaste. D’autres formations suivront, dans des domaines comme la cybersécurité ou l’urbanisme durable. Le président engage ici bien plus qu’un projet : il engage une méthode. Une méthode où le mot d’ordre est responsabilité, et où l’avenir du Gabon ne se joue plus dans l’abstrait, mais dans les mains de ceux qui, aujourd’hui, prennent leur envol.