L’article récemment publié par Africa Intelligence sur le séjour privé du Président Brice Clotaire Oligui Nguema à Paris relève moins de l’enquête journalistique que du récit fictionnel. En convoquant à la fois des figures de l’ancien régime gabonais et des dirigeants étrangers, la publication donne forme à un scénario spéculatif qui tient davantage du roman-feuilleton que de l’information vérifiée.
Oui, le président s’est rendu à Paris après un passage à Rome, dans le cadre d’un déplacement privé. Il n’est ni exceptionnel ni répréhensible qu’un chef d’État effectue un tel voyage en dehors des obligations officielles. L’agenda personnel d’un président n’a pas vocation à être commenté sur la place publique, pas plus qu’il n’a à être interprété au prisme de rumeurs ou d’intentions prêtées sans fondement.
C’est pourtant ce que tente de faire Africa Intelligence, en évoquant une rencontre à Paris entre Oligui Nguema et son homologue congolais Denis Sassou Nguesso. Il s’agissait, en réalité, d’un salut de courtoisie entre deux chefs d’État présents fortuitement dans la capitale française. Y voir une « réunion d’influence » revient à projeter des intentions sur une scène qui, dans les faits, ne dit rien d’autre que la civilité entre pairs.
La même logique d’insinuation s’applique à la mention de Pascaline et Noureddin Bongo, dont la prétendue présence à Paris serait, selon l’article, le signe d’un rapprochement discret avec le nouveau pouvoir. Rien ne permet d’étayer cette affirmation. Depuis le 30 août 2023, la rupture avec le système précédent est claire, assumée et actée. Le président Oligui Nguema ne construit ni sa légitimité ni son action dans l’ombre de l’ancien régime.
Ce que masque l’article, c’est l’essentiel : ce séjour a permis des échanges avec plusieurs partenaires économiques, notamment autour de projets structurants dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures et des mines. Fidèle à sa méthode, le président gabonais avance sans tapage, préférant le travail de fond à la mise en scène. Pendant que certains s’enlisent dans les récits d’arrière-cour, lui poursuit sa tâche avec constance et discrétion.